26 juillet 2019

★★½ | Once Upon a Time in Hollywood (Il était une fois à Hollywood)

★★½ | Once Upon a Time in Hollywood (Il était une fois à Hollywood)

Réalisateur : Quentin Tarantino / Dans les salles du Québec le 26 juillet 2019
Quentin Tarantino a du talent. Nous n’en doutons pas. Il sait filmer (les gens qui parlent pour ne rien dire, l’action, les blagues plus ou moins potaches, les clins d’œil cinéphiles en tout genre…), il aime le cinéma, il aime ses acteurs (souvent très bon, comme Leonardo DiCaprio, une fois de plus excellent dans son double exercice de cabotinage parfaitement maîtrisé)… Bref, il a beaucoup pour nous plaire. Malheureusement, sa roublardise lui joue souvent des tours, surtout lorsqu’il s’imagine que tout ce qui est énoncé plus haut suffira à nous charmer. Avec Once Upon a Time in Hollywood, nous sommes face à l’exemple parfait.
La conséquence ne se laisse pas attendre. À force de vouloir exploiter toutes ses petites recettes trop bien huilées, il tourne en rond. Bien sûr, ici ou là, il fait mouche (la visite du personnage de Brad Pitt dans le ranch de Manson, quelques touches d’humour, etc.), mais le cumul de moments tarantinesques faits pour plaire à tout prix (même lorsqu’ils sont intrinsèquement réussis, ce qui arrive assez souvent) fait durer un peu trop un film qui aurait mérité d’être plus court.
On n’est même pas loin de penser que Once Upon a Time in Hollywood est le Tarantino le plus faible… et puis intervient la toute fin. En trois ou quatre minutes, le cinéaste parvient à nous toucher. Juste après un déluge de violence tout sauf en finesse (un des ingrédients de la recette qui manquait jusque-là!), il nous livre une conclusion délicate et sensible aux allures de chant d’amour au cinéma. Et si, en effet, le cinéma avait, l’espace d’un instant, le pouvoir de changer le cours des choses? Certes, il s’est déjà posé cette question par le passé (Inglourious Basterds). Mais cette fois, en s’attaquant au fait divers plus qu’à la grande Histoire, il se fait plus humble et fait mouche. Rien que pour ça, on aurait envie d’aimer ce Once Upon a Time in Hollywood.

23 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★★★ | Bliss

Fantasia 2019 | ★★★ | Bliss

Réalisé par Joe Begos
Une jeune peintre en manque d’inspiration goûte à une drogue qui la fait progressivement plonger dans une transe vampirique sanglante particulièrement propice au retour de son inspiration…
Avec un tel sujet, le très sexe/drogue/ rock’n’roll Joe Begos pouvait aller un peu partout et nulle part. Probablement contre son gré, il va plutôt nulle part en enfilant les banalités et lieux communs et prend la direction d’une fin très convenue. Cependant, malgré ses limites et une première moitié de film particulièrement poussive, nous devons reconnaître que ce Bliss mérite qu’on oublie son surplace narratif et sa symbolique lourdingue pour retenir ce qui semble particulièrement intéresser son réalisateur : son crescendo impressionnant de propositions formelles aussi brillantes qu’éprouvantes. Sa capacité à nous projeter entre réel et cauchemar et à rendre la violence fascinante est en effet particulièrement bluffante.
De son côté, l’actrice Dora Madison, qui ajoute un soupçon d’humanité en perdition grâce à sa performance d'écorchée vive dépassée par son regain de création (auto) destructrice, est tout aussi fascinante que les meilleurs moments de ce Bliss.
Très imparfait, un peu long malgré ses 1h20, mais à voir pour quelques poignées de minutes qui font oublier ses faiblesses!

19 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Réalisé par Hideo Nakata
Hideo Nakata a indéniablement marqué le cinéma d’horreur japonais. Non seulement, il a réalisé l’excellent Dark Water, mais il est également à l'origine de Ringu, l'une des franchises les plus connues dans l'univers cinématographique horrifique (pas seulement japonais... il a d’ailleurs réalisé par le passé une suite très satisfaisante du remake américain).
Avec Sadako, film d’ouverture de la nouvelle édition de Fantasia, il nous montre non seulement que le filon est épuisé, mais que son talent s’est envolé avec!
Certes, le film est techniquement irréprochable... mais il n’y a rien d’autre à sauver. Scénario très faible multipliant les coïncidences de manière indécente, personnages transparents et caricaturaux, mise en scène incapable de faire ressentir la moindre tension, musique mal utilisée, dialogues trop souvent risibles qui ne font qu’accentuer notre sentiment de rejet envers cette œuvre clairement dispensable.
On oublie au plus vite...

17 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★★¾ | Porno

Fantasia 2019 | ★★¾ | Porno

(Réalisé par Keola Racela)
Une petite ville américaine très chrétienne; une époque révolue où films et pellicule étaient indissociables ; des ados un peu bébêtes mais sympathiques ; un lieu secret dont la découverte va faire ressurgir l’improbable; un film caché au pouvoir maléfique; du gore rigolo; du sexe, mais pas trop... voilà les ingrédients de Porno, sympathique premier film qui se classe d'emblée dans la lignée des comédies nostalgiques maniant le second degré avec un plaisir non dissimulé.
Le genre est assez fréquent à Fantasia, mais le résultat n'est pas toujours réjouissant. Fort heureusement, le réalisateur de Porno ne tombe pas dans certains pièges. Ses clins d'œil sont maîtrisés, son second degré n’est jamais étouffant et ses personnages parviennent à assumer les clichés sans être des caricatures faciles. Surtout, Racela possède un savoir-faire technique et un humour qui rendent le film agréable à voir presque d’un bout à l’autre. Presque… car malgré quelques moments particulièrement plaisants, le film souffre de problèmes de rythme. Le scénario, qui cherche à aller dans plusieurs directions référentielles, finit par se perdre un peu en chemin au point de perdre par moments le metteur en scène. Du coup, celui-ci semble laisser filer certaines scènes pour tout donner (avec talent) sur d'autres (d'un film satanique expérimental à une scène gore testiculaire aussi drôle qu'éprouvante… pour ne citer qu'elles).
Divertissant mais très inégal, Porno a également un autre mérite : il nous permet de découvrir un réalisateur (Keola Racela) très prometteur. Nous avons hâte de le recroiser bientôt… à Fantasia ou ailleurs !

12 juillet 2019

★★★½ | The Last Black Man in San Francisco

★★★½ | The Last Black Man in San Francisco

Réalisation : Joe Talbot | Dans les salles du Québec le 12 juillet 2019 (TVA Films)
Deux hommes se promènent dans les rues de San Francisco à la recherche d'un endroit, d'une inspiration et surtout pour trouver leur place dans cette ville bien-aimée. Les deux hommes sont liés par le désir de l'un d’eux de retourner vivre dans la maison que son grand-père aurait construite en 1946. C'est sur cette trame de fond que se jouera le destin de nos héros, habités par le doute et les insécurités. Sur leur route, ils croisent des membres de la famille à la dérive, des banquiers malveillants, des gangsters au cœur sensible.
Avec ses images sublimes de la ville et de ses habitants, le premier long-métrage de Joe Talbot met en lumière les nuances de la nature humaine. Alors que les personnages sont présentés comme s'ils se trouvaient sur une scène de théâtre, le scénario prend soin de nous révéler le caractère de chacun sous plus d'une facette. La mise en scène stylisée navigue habilement sur différents tons. On passe du théâtre, au réalisme, du réel à la fantaisie. Le tout est accompagné d’une trame musicale omniprésente. La musique n'est pas utilisée dans le but de nous faire ressentir ce qui se déroule sous nos yeux. Elle est si bien intégrée au récit qu'elle est une extension de la vie intérieure des deux personnages principaux.
The Last Black in San Francisco est une quête à la fois poétique et sensible sur la nécessité de l'appartenance. Un premier long-métrage à voir absolument sur grand écran.