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12 mars 2021

★★★½ | La nuit des rois

★★★½ | La nuit des rois

Réalisation : Philippe Lacôte | Dans les salles du Québec le 12 mars 2021 (Axia films)
C’est dans un univers entre la réalité du milieu carcéral et les contes et légendes liés aux traditions ancestrales que le réalisateur Philippe Lacôte ancre son second long-métrage. Dans une prison d’Abidjan en Côte d’Ivoire, un monde sera détruit et rebâti durant une nuit de pleine lune rouge.
Avant la tombée du jour, un jeune homme fait son entrée dans l’endroit hostile. Il sera vite pris à partie par le grand chef qui le rebaptisera Roman. Malgré les dangers environnants, Roman devra raconter son histoire toute la nuit. Tous les prisonniers s’attroupent autour de lui. L’histoire va commencer.
Les mots et le langage libèrent. C’est à travers la parole que Roman s’évade de sa tragique réalité. De ce fait, la structure narrative du film est complètement en phase avec les habiletés de conteur du protagoniste. Il le dira d’entrée de jeu. Il ne sait pas raconter. Il en résulte un récit qui fait fi des structures narratives classiques. L’histoire racontée ne sera pas linéaire.
Roman fait des allers et retours dans le temps. On comprend graduellement que l’histoire de la légende qu’il tente de raconter se mêle à la sienne. Finalement, tout ceci a peu d’importance, car ce manque de cohérence dans la manière de conter cette histoire est l’une des plus grandes forces du film. Comme spectateur, on se laisse simplement porter par la parole et par les images qui nous dévoilent un splendide territoire et des personnages héroïques. Tout comme les prisonniers qui réagissent vivement à chaque mouvement narratif, on devient investi autant par le récit morcelé que par le sort de Roman. Parviendra-t-il à survivre à la nuit ?
Aidé d’un scénario lyrique, d’une solide distribution d’acteurs, d’une direction de la photographie soignée et d’un montage sensible, Philippe Lacôte livre un film singulier qui nous rappelle qu’au bout de chaque nuit, le jour se lève.