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10 septembre 2020

★★ | Jumbo

★★ | Jumbo

Réalisation: Zoé Wittock | Dans les salles du Québec le 11 septembre 2020 (AZ Films)

Vu dans le cadre du festival Fantasia 2020

Jeanne (Noémie Merlant), jeune femme à la timidité maladive étouffée par une mère particulièrement extravertie (Emmanuelle Bercot), est gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Son supérieur (Bastien Bouillon) s’intéresse respectueusement à elle... mais elle n’a d’yeux que pour un manège, dont elle tombe éperdument amoureuse. Le point de départ ressemble à celui d’une comédie loufoque, mais il n’en est rien. Jumbo nous entraîne en effet dans un imaginaire propre à la rêverie, visuellement très soigné. Un manque de personnalité dans la mise en scène et quelques excès de fausse originalité se font certes sentir, mais le point de départ est prometteur. Malheureusement, ce fil narratif s’étiole rapidement, il est vrai peu aidé par des dialogues et des situations laissant plus de place au ridicule qu’au charme. Si nous souhaitons malgré tout rester indulgent, la tâche devient difficile lorsque le film bascule vers le drame familiale maladroit qui le transforme en projet définitivement trop ambitieux pour une cinéaste/scénariste qui finit par se faire écraser par sa proposition.
Techniquement irréprochable, posant de manière originale des questions pertinentes sur la santé mentale, la normalité ou le rôle joué par les proches, ce premier long-métrage aurait probablement mérité un meilleur sort. Souhaitons à Zoé Wittock de canaliser ses ambitions futures (et/ou d'avoir recours à un coscénariste talentueux). Peut-être serons nous agréablement surpris!

2 septembre 2020

Fantasia 2020 | ★★★ | Perdida

Fantasia 2020 | ★★★ | Perdida

Réalisation : Jorge Michel Grau
Perdida possède tous les éléments d’un bon thriller. De belles personnes (selon les standards de l’industrie), des triangles amoureux (pourquoi se limiter à un) ainsi qu’une mystérieuse intrigue à résoudre. Du jour au lendemain, la femme d’un chef d’orchestre disparaît sans laisser de trace. S’agirait-il d’un meurtre ? Hanterait-elle la maison dans laquelle vivent toujours son mari et sa toute nouvelle conquête ? S’ensuivra un véritable jeu de miroirs entre un passé pas si lointain (la disparition remonte à dix jours) et le présent (de plus en plus inquiétant). Le film tient en haleine en jouant sur ses multiples suppositions.
De plus, il est intéressant de constater la déviation du récit qui débute avec l’histoire d’un homme infidèle, imbu de lui-même, obsédé par son métier. Alors qu’on pourrait croire que le film est centré autour ce personnage, ce sont les femmes de sa vie qui occupent l’espace. Entre sa femme disparue, celle plus jeune qui vit désormais avec lui et le spectre d’une maîtresse (qui n’est jamais très loin), Perdida manque une belle occasion de rendre justice à la complexité de ses personnages féminins. Quelques précisions scénaristiques autour du dialogue impossible entre ces trois femmes (trahies par le même homme) auraient été bénéfiques. De plus, le film ne fait pas honneur à ces femmes qui subissent même lorsqu’il est trop tard. Lorsqu’il faudrait se battre et confronter. 
Il y a également une dimension politique sous-exploitée (les personnages vivent dans l’ancienne maison d’un homme d’État) qui au final ne sert à rien. Perdida demeure un thriller efficace à voir ne serait-ce que pour l’utilisation habile de l’imagerie soignée et de la musique. Un film à regarder et à écouter.
Fantasia 2020 | ★★★ | Lapsis

Fantasia 2020 | ★★★ | Lapsis

Réalisation : Noah Hutton
Lapsis, du réalisateur américain Noah Hutton, se situe dans un futur proche où la technologie contrôle désormais toutes les sphères de la vie en société. Sous le prétexte d’assurer une meilleure qualité de vie (majoritairement économique), la technologie quantum permet à des gens ordinaires d’amasser de l’argent rapidement. C’est avec cette prémisse que le réalisateur nous présente son protagoniste, un homme d’un certain âge un peu vieux jeu, qui s’oppose à toute forme d’avancée technologique. Convaincu qu’on ne peut pas faire confiance au quantum, il exprime ses opinions tranchées à qui veut l’entendre. Sa situation financière précaire le force à reconsidérer son aversion. Il ne manquera pas d’aviser tous ceux qui croiseront sa route que malgré son mépris pour le quantum, la fin justifie les moyens.
Malgré une entrée en matière quelque peu laborieuse où on assiste à un cours 101 sur le Quantum à travers divers procédés de transmission d’informations (radio, télévision, etc.), le film parvient toutefois à se défaire de cet aspect didactique pour nous plonger dans une histoire plus nuancée (moins basée sur la logique). Lapsis n’est pas un film à la recherche de sens malgré le caractère informatif des personnages secondaires. Les travailleurs qui parcourent des terrains boisés afin de brancher des câbles à des connecteurs ne sont que des outils servant la technologie. On en sait peu sur eux. Ils ne font que parler du travail, des règles strictes à suivre, de la surveillance constante, des points accumulés, de l’argent à faire, des robots qu’il faut toujours dépasser.
À travers les yeux du personnage principal qui semble toujours en retard ou perdu dans le moment présent, Lapsis peut sembler confus. Toutefois, les quelques points de repère nous permettent en tant que spectateur d’accepter ces pertes de sens. Si l’on accepte de ne pas tout saisir et que certains éléments sont contradictoires, le film se transforme en un objet charmant et sans prétention.
Fantasia 2020 | ★★ | Survival Skills

Fantasia 2020 | ★★ | Survival Skills

Réalisation : Quinn Armstrong
Survival Skills débute comme un vidéo de formation sur le métier de policier tout droit sorti des années 80. D’emblée, la qualité visuelle (de type VHS) ainsi que l’implacabilité du narrateur (interprété avec brio par Stacey Keach) donnent le ton. À travers une série de mise en situation où est placée une jeune recrue du corps policier (Vayu O’Donnell), les procédures du département sont passées au peigne fin. Passionné par son métier et ce qu’il représente pour sa communauté, le jeune policier zélé est désireux de respecter les consignes à la lettre.
C’est lors d’un appel pour violence conjugale que la vision du cadet bascule. À partir d’un personnage assez candide, le réalisateur déconstruit le mythe de la loi et l’ordre. Au sein même du corps policier, le novice rencontrera plusieurs obstacles, notamment de la part de ses collègues et du narrateur (mécontent de ses faiblesses). La remise en question du rôle de policier et l’application du pouvoir lié à la fonction provoquent un changement du dispositif narratif. Le tout ne se fait pas sans heurt. On passe d’un vidéo de formation à la fiction, puis au documentaire en effectuant de constant va et viens.
En quête d’humanisation du personnage principal (un bon policier en phase avec ses émotions), le film ne parvient pas à convaincre. Le système qui encadre le corps policier est à revoir, le blâme ne revient pas nécessairement aux agents qui font de leur mieux. À ce raisonnement, on peut ajouter un narrateur prenant conscience sous nos yeux de son rôle en révélant ce qu’on sait déjà depuis le début. Tout ceci n’est que mise en scène. Rien n’est vrai. C’est à travers la recherche d’un propos nuancé sur le métier de policier, peut-être liée à son manque d’une prise de position, que Survival Skills se transforme en un rendez-vous manqué.

30 août 2020

Fantasia 2020 | ★★½ | The Columnist (De kuthoer)

Fantasia 2020 | ★★½ | The Columnist (De kuthoer)

Réalisation : Ivo Van Aart
The Columnist propose une incursion sur les répercussions liées aux dérapages qui surviennent sur les réseaux sociaux. Dans le film, l’auteure d’une chronique dans un blogue reçoit de virulentes critiques, aussi bien en commentaire de son article que sur compte personnel Twitter. Ces messages sont à la fois choquants et perturbants. Malheureusement, cette humiliation sur la place publique nous ramène à notre quotidien. Combien de fois avons pu lire des messages dégradants et gratuits sur les réseaux sociaux.
La phrase que répète l’auteure tout au long du film est quelque peu simpliste : « Nous pouvons avoir des opinions différentes tout en restants gentils. » Simpliste, mais vraie. Au lieu de sombrer dans la dépression (ou pour éviter d’y sombrer), elle décide de prendre les choses en mains et d’aller à la rencontre de ses détracteurs. Les conséquences seront tragiques.
À la recherche du tragi-comique, le film ne réussit pas totalement à trouver le ton juste. Il semble hésiter entre la comédie appuyée (aussi bien dans la direction d'acteurs que dans les autres choix artistiques, notamment au niveau de la musique, beaucoup trop ludique) et l’aspect un peu plus gore. Tout comme le personnage principal, on ne sait jamais si on doit en rire ou en pleurer… Mais c’est peut-être justement cette impression de malaise que le réalisateur souhaite transmettre au spectateur.
The Columnist met en scène une femme qui choisit de riposter (de manière très violente) contre les attaques qu’elle a subies. Pour elle, les mots virulents et cruels écrits par d’autres ont un effet dévastateur. Malgré ses défauts, le film permet une réflexion pertinente sur une femme dont la vie gravite autour de l’écriture et qui sait à quel point chaque mot est important.
Au final, la parole ne pourra pas la sauver.