30 novembre 2013

Livre: Michael Cimino. Les voix perdues de l’Amérique

(Jean-Baptiste Thoret; Flammarion; 300 pages)

Avec un premier film réalisé pour la superstar de l’époque (Thunderbolt and Lightfoot, avec Clint Eastwood), un deuxième auréolé du succès que l’on sait (The Deer Hunter, réussite commerciale et Oscar amplement mérité) et un troisième accusé d’avoir signé l’arrêt de mort du Nouvel Hollywood (Heaven’s Gate), la carrière de Michael Cimino annonçait d’emblée la couleur: elle ne ressemblerait à aucune autre.
Alors qu’il n’a plus signé de long métrage depuis 1996 (The Sunchaser), le réalisateur maudit est l’objet d’un livre passionnant signé Jean-Baptiste Thoret, grand spécialiste du cinéma américain (mais également du cinéma de genre).
Fruit de la rencontre des deux protagonistes en avril 2010, Michael Cimino. Les voix perdues de l’Amérique aurait pu être un livre d’entretiens comme tant d’autres. Il est en réalité bien plus que cela. Le cinéaste ayant proposé à l’auteur de l’accompagner pour un road trip à travers les États-Unis, l’ouvrage prend des allures de carnet de voyage auquel vient se greffer la discussion, au hasard des lieux traversés ou des rencontres. Sans respecter la chronologie filmographique mais en se laissant porter par son voyage américain et ses échanges avec Michael Cimino, Jean-Baptiste Thoret en profite pour partir dans des digressions analytiques passionnantes qui lui permettent de décortiquer l’ensemble de l’oeuvre du cinéaste tout en nous aidant à mieux cerner l’homme.
Après ce voyage où il aura été question de mise en scène, de personnages (“Le cinéma, ce n'est pas de faire des ‘trucs’ avec la caméra ni montrer que vous savez la manier. Ce sont les gens que vous filmez.”), de projets avortés, de John Ford, de Sam Peckinpah et d’Amérique (son histoire, sa culture, mais également ses paysages), le lecteur cinéphile aura probablement envie de revoir les films de Michael Cimino qu’il a aimés mais aussi de laisser une nouvelle chance à ceux qui l’ont déçu (il y en a probablement).
Si le livre est presque irréprochable, nous nous devons tout de même de souligner la piètre qualité du travail éditorial en ce qui concerne la filmographie. Heaven’s Gate et The Sicilian semblent en effet avoir été oubliés… mais qu’on se rassure, même si les titres se cachent, ils sont bien présents!
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