(Clélia Zernik, Éditions Yellow Now, 112 pages)
Allons droit au but: ce tout petit livre (112 pages, dont certaines purement iconographiques) édité en Belgique (mais disponible partout dans le monde grâce à internet…) est un pur bonheur. Avec un sens de la concision exemplaire, Clélia Zernik* se livre à une étude des Sept Samouraïs de Akira Kurosawa (et dans une moindre mesure, d’une partie de son oeuvre) remarquable.
Après avoir porté un regard sur la fonction du corps (comme chair, comme réserve d'énergie, comme mouvement) et sur rôle fondamental joué par le personnage incarné par Toshiro Mifune (“corps burlesque et corps imitatif”), l’auteure nous démontre comment le corps social s’élabore à partir de corps initialement impuissants et isolés par le biais de l’élaboration de l’espace (“espace des corps et espace des regards”), donc pas la force de la mise en scène (“la naissance du social est chorégraphique”). Mais le passage de l’individu au collectif est également associé au triste constat livré par Kurosawa l’humaniste dans la dernière scène du film: transcender les classes sociales et faire cohabiter les différentes composantes de la société ne se fait pas aussi facilement qu’il le souhaiterait (“Kurosawa a préféré clore sur une note plus sombre et plus mélancolique: la persistance des distinctions sociales, comme obstacle à la véritable réforme de l’humain”).
Limpide et brillante, la démonstration de Clélia Zernik ne s’arrête pas là. Dans sa conclusion, elle prolonge sa réflexion en insistant sur ce qui distingue fondamentalement le film de Kurosawa de son remake américain (Les sept mercenaires). Si le film japonais est avant tout axé sur le groupe (la recherche d’un corps social), le film américain préfère mettre en scène ce qu’est la liberté individuelle (“pouvoir se défendre soi-même, savoir où l’on va, choisir la vie que l’on veut mener”).
Après avoir porté un regard sur la fonction du corps (comme chair, comme réserve d'énergie, comme mouvement) et sur rôle fondamental joué par le personnage incarné par Toshiro Mifune (“corps burlesque et corps imitatif”), l’auteure nous démontre comment le corps social s’élabore à partir de corps initialement impuissants et isolés par le biais de l’élaboration de l’espace (“espace des corps et espace des regards”), donc pas la force de la mise en scène (“la naissance du social est chorégraphique”). Mais le passage de l’individu au collectif est également associé au triste constat livré par Kurosawa l’humaniste dans la dernière scène du film: transcender les classes sociales et faire cohabiter les différentes composantes de la société ne se fait pas aussi facilement qu’il le souhaiterait (“Kurosawa a préféré clore sur une note plus sombre et plus mélancolique: la persistance des distinctions sociales, comme obstacle à la véritable réforme de l’humain”).
Limpide et brillante, la démonstration de Clélia Zernik ne s’arrête pas là. Dans sa conclusion, elle prolonge sa réflexion en insistant sur ce qui distingue fondamentalement le film de Kurosawa de son remake américain (Les sept mercenaires). Si le film japonais est avant tout axé sur le groupe (la recherche d’un corps social), le film américain préfère mettre en scène ce qu’est la liberté individuelle (“pouvoir se défendre soi-même, savoir où l’on va, choisir la vie que l’on veut mener”).
Vous l’aurez probablement compris, ce petit livre d’une grande richesse est indispensable pour qui aime Les sept samouraïs, Akira Kurosawa… ou tout simplement le cinéma!
* Professeure de philosophie de l'art aux Beaux-Arts de Paris, également auteure de Perception-cinéma et L'Œil et l'objectif