17 octobre 2013

FNC 2013: Miss Violence ***½

Réalisateur: Alexandros Avranas

Le jour de son anniversaire, au moment de la traditionnelle photo de famille, une fillette de 11 ans saute du balcon de son appartement, le sourire aux lèvres. Sa famille semblait pourtant heureuse et unie. Les services sociaux enquêtent mais pour la famille, la vie continue comme si de rien n’était.
Très vite, Alexandros Avranas donne le ton. Malgré un drame horrible, les membres de la famille semblent peu affectés et parviennent à continuer à vivre sans se laisser submerger par l’émotion qui aurait dû les bouleverser après un tel événement. La mise en scène, très froide, accentue l’effet: la direction d’acteurs est statique et le cadre, composé très souvent d’arêtes de murs et de cadres de portes, transforme presque l’écran en toile d’araignée qui retient ses personnages prisonniers de ce qui ressemble de plus en plus à un lourd secret. Certes, l’éducation très stricte que reçoivent les enfants pourrait justifier leur comportement tout en retenue. Mais très vite les doutes, puis les évidences, font jour aux yeux des spectateurs. L’éducation très stricte n’est pas là pour protéger les enfants de leur débordement d’émotions, mais elle sert à leur faire accepter leur soumission à une figure d’autorité particulièrement ignoble. Ce que fait subir le père à sa famille malgré ses allures de père protecteur est d’ailleurs si impensable que l’histoire proposée aurait facilement pu nous sembler improbable. Pourtant, la mise en scène d’Alexandros Avranas est si maîtrisée, si implacable, qu’elle parvient à faire de ce Miss Violence un film parfaitement réussi, terriblement crédible mais qui ne cède cependant jamais aux facilités qu’un tel sujet aurait pu engendrer.
Vous l’aurez compris avec Miss Violence, Lion d’argent de la meilleur mise en scène lors du dernier festival de Venise, Alexandros Avranas apparaît clairement comme un cinéaste à suivre de près.
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