19 septembre 2014

Love Is Strange ***½

Fraîchement mariés, Ben (John Lithgow) et George (Alfred Molina) doivent jongler avec une perte d’emploi et d’appartement, mettant à l’épreuve l’amitié de leurs proches.

Réalisateur : Ira Sachs | Dans les salles du Québec le 19 septembre 2014 (Métropole)

Sur papier, Love Is Strange est un film qui sort difficilement du lot. Entre mariage gai, dislocation de la cellule familiale et crise existentielle, le long métrage aborde de nombreux thèmes universels au fil d’un récit classique et prévisible.
Là n’est cependant pas l’intérêt de cette œuvre douce-amère qui se déroule dans la Grosse Pomme. Plus que pour son histoire ou sa ligne dramaturgique, l’effort séduit et enchante surtout par sa façon de dire les choses (sans jamais moraliser), d’observer avec finesse le quotidien d’êtres qui aspirent au bonheur et d’utiliser toutes les possibilités du médium (ce rythme allongé à la Cassavetes père, cette musique touchée par la grâce) pour créer un maximum de frissons et de sensations fortes. Il n’est pas rare d’être bouleversé par cette expérience cinématographique, ce qui arrive de moins en moins devant le septième art contemporain.
L’interprétation d’une justesse inouïe n’est pas étrangère à ce sentiment de béatitude. Cela faisait des lustres que John Lithgow et Alfred Molina n’avaient pas trouvés de rôles si intéressants et ils offrent des prestations impeccables. Ils sont entourés d’une distribution gracieuse où de nombreux comédiens généralement peu connus (l’exception étant Marisa Tomei) en font beaucoup avec peu.
À chaque nouveau film, le cinéaste américain Ira Sachs affûte sa démarche. Ses précédentes offrandes The Delta, Forty Shades of Blue, Married Life et Keep the Lights On étaient très agréables, mais il se surpasse avec Love Is Strange, un opus faussement conventionnel qui arrive à parler de la vie avec un grand V en moins de 100 minutes. Un exploit dont il ne faut pas se priver.
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