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27 juillet 2024

C'EST FINI

C'EST FINI

C'est décidé. Cinefilic ne rentrera pas de vacances. J'ai en effet décidé de mettre fin à cette belle aventure. Le site a été très actif, très suivi et apprécié pendant quelques années. Cependant, en raison de mes activités éditoriales, il a dû réduire la voilure. Avec seulement un article hebdomadaire et l'absence d'entretiens, le site a pris un rôle tellement insignifiant qu'il est plus cohérent de disparaître.
Cinefilic restera toutefois en ligne pendant quelques mois, permettant ainsi à certaines des entrevues faites par le passé de rester accessibles. Je remercie toutes celles et ceux qui y ont contribué gracieusement.
Merci également à celles et ceux qui nous ont suivis...
Et pour toujours, bon cinéma.
Jean-Marie Lanlo

14 juin 2024

★¾ | La ligne

★¾ | La ligne

Réalisation: Ursula Meier | Dans les salles du Québec le 14 juin 2024 (Axia films)
La ligne ne démarre pas aussi bien que l'aurait probablement souhaité sa réalisatrice Ursula Meier. Dès sa séquence pré-générique, le film passe à côté de sa cible. Cette scène de violente dispute familiale, filmée au ralenti sur fond de musique classique, ressemble à une fausse bonne idée de mise en scène, en réalité sans grande force ni brio. La suite n'est pas plus convaincante, portée par des dialogues mal écrits dont les actrices semblent avoir le plus grand mal à se dépêtrer.
Heureusement, par moments, quelques instants presque réussis laissent espérer une reprise en main, mais cela n'est qu'illusion. La photographie, digne d'un morne téléfilm (pourtant signée Agnès Godard), et les personnages hautement caricaturaux (une artiste exaltée borderline, une artiste marginale, la bonne mère de famille et l'ado qui essaie de fuir en s'en remettant à Dieu) finissent par annihiler tous nos espoirs. Cette histoire de famille dysfonctionnelle avait pourtant du potentiel. De plus, la volonté de se limiter au présent, sans expliquer dans le détail les raisons de la discorde, est courageuse et permet d'éviter les pièges psychologisants.
Malheureusement, ces rares qualités ne suffisent pas à compenser les nombreuses faiblesses du film. Le manque de profondeur des personnages et la direction d'acteurs approximative plombent l'ensemble. Les tentatives de créer des moments de tension ou d'émotion tombent souvent à plat, laissant le spectateur, au mieux, indifférent, au pire, agacé.
En fin de compte, La ligne échoue à trouver son équilibre et à nous intéresser à ses personnages. Les intentions étaient louables, mais la réalisation n'est pas à la hauteur et les faiblesses finissent par prendre le dessus, faisant de ce film une déception. Ursula Meier, connue pour son talent à capturer les nuances des relations humaines, semble ici avoir manqué sa cible, nous laissant avec un sentiment de potentiel inexploité et de frustration.

7 juin 2024

★★★★ | L’enlèvement / Kidnapped: The Abduction of Edgardo Mortara (Rapito)

★★★★ | L’enlèvement / Kidnapped: The Abduction of Edgardo Mortara (Rapito)

Réalisation: Marco Bellocchio | Dans les salles du Québec le 7 juin 2024 (Métropole Films Distribution)
Rapito aborde un sujet incroyable qui s'est réellement déroulé en Italie au XIXe siècle : un enfant de huit ans est enlevé à sa famille pour être élevé selon la foi catholique... une servante l'ayant, lorsqu'il était nourrisson et malade, baptisé pour lui éviter d'errer dans les limbes en cas de décès. À partir de ce point de départ, Bellocchio et ses coscénaristes nous proposent un scénario précis et dépouillé qui évite les excès de pathos. Les faits s'enchaînent avec une précision et une fluidité impressionnantes, abordant avec justesse et intelligence des enjeux individuels, familiaux, religieux, voire historiques (la difficile et lente unité italienne).
Le classicisme de la mise en scène, loin de rebuter, parvient à nous plonger dans une époque pas si lointaine et une rigidité dogmatique effrayante (qui semble pour sa part encore moins lointaine). Elle sert également de terreau très fertile au personnage principal, ce jeune enfant arraché à ses parents, qui grandira atteint d'une sorte de syndrome de Stockholm avant l'heure, le poussant à devenir prêtre et à essayer de convertir sa famille plutôt que d'essayer de la rejoindre.
La musique, composée par Fabio Massimo Capogrosso, tour à tour discrète ou au contraire très présente, et la photographie, dirigée par Francesco Di Giacomo, tout en clair-obscur, contribuent également à l'atmosphère générale du film, à la fois captivante et inquiétante.
Au final, Rapito subjugue en nous rappelant, sans caricature, le danger de s'en remettre aveuglément à des dogmes qui se battent plus pour leur propre survie que pour l'intérêt des humains. Surtout, Bellocchio, à 84 ans, nous propose un de ses films majeurs et une des œuvres marquantes de cette année.

31 mai 2024

★★★ | Bonnard, Pierre et Marthe

★★★ | Bonnard, Pierre et Marthe

Réalisation: Martin Provost | Dans les salles du Québec le 31 mai 2024 (Sphère Films)
Le réalisateur du sublime Séraphine dresse un portrait vibrant de la relation entre le peintre Pierre Bonnard et Marthe de Méligny, la femme qui deviendra sa muse. En choisissant de ne pas idéaliser la figure de l’artiste, Provost met en scène ce couple dans toute sa complexité, aussi bien dans la vie que dans le travail.
Le film nous happe visuellement par ses choix artistiques et par l’importance accordée à l’acte de peindre. Même un public qui ne connaît pas Bonnard ou qui a peu de connaissances en histoire de l’art pourra y trouver son bonheur. Bonnard, Pierre et Marthe est une œuvre qui prend son temps, nous présentant avec patience le peintre, l’homme, la femme, la muse et surtout les peintures, sans oublier le contexte historique soigneusement dépeint. Le film ne nous montre pas un artiste en vase clos, mais le situe en relation avec ses contemporains, faisant bien ressentir le désir de révolution artistique qui habitait Bonnard. À travers le film, on passe beaucoup de temps à voir un homme peindre, nous permettant de découvrir ou redévouvrir le grand talent de l’artiste.
Le lien fort et trouble entre Bonnard et sa muse est magnifiquement interprété par Vincent Macaigne et Cécile de France, qui traversent le film tout en nuances.
Malgré les éléments plus dramatiques, il émane de Bonnard, Pierre et Marthe une certaine douceur, probablement liée à l’acte de création. Le film nous laisse avec une envie de nous entourer d’art, une envie d’aimer.

24 mai 2024

★★¾ | Daaaaaalí !

★★¾ | Daaaaaalí !

Réalisateur: Quentin Dupieux | Dans les salles du Québec le 24 mai 2024 ( Métropole Films Distribution)
Comment réaliser un biopic d’un artiste aussi improbable que Dalí, qui a presque réussi à éclipser aux yeux du grand public son propre génie créatif au profit du personnage extravagant qu’il s’est forgé ? Quentin Dupieux répond à cette interrogation par une démarche originale : en concevant un anti-biopic, et en fragmentant son personnage principal à travers l’interprétation de cinq acteurs différents. Cette approche est non seulement ingénieuse mais s’harmonise parfaitement avec l’esthétique de Dupieux. L'autre bonne idée est que le réalisateur n’a pas tenté de recréer les œuvres emblématiques du maître, mais plutôt de capturer un univers qui lui serait fidèle. Pour ce faire, il puise autant dans son propre imaginaire que dans un éventail de références culturelles, dont Luis Buñuel est la plus évidente.
Malheureusement, Dupieux paie ici le prix de sa boulimie de réalisateur hyperprolifique. Ses idées sont en effet parfois un peu bâclées, comme si, à force de tourner vite, il n’avait jamais vraiment la tête au projet qu’il est en train de filmer. Certes, le film regorge de trouvailles (la plus irrésistible est probablement, au tout début du film, ce couloir d’hôtel interminable). Néanmoins, le rythme s’essouffle plus rapidement que de coutume. Malgré sa brièveté (1 h 18), le film peine à maintenir son élan, et la boucle narrative finale que nous propose Dupieux ressemble plus à du surplace artistique qu’à une réelle proposition pertinente. De plus, la performance inégale des acteurs incarnant Dalí est flagrante, et fortement nuisible : si Edouard Baer et Jonathan Cohen brillent par leur talent, Pio Marmaï et Gilles Lellouche ne sont jamais à la hauteur de leur personnage.
En somme, Daaaaaalí ! n’est pas dénué de charme, mais il s’agit d’une œuvre mineure dans la filmographie de Dupieux. Cependant, l’espoir demeure : son prochain film sera probablement à la hauteur de nos attentes. Et si ce n’est pas le cas, il y aura toujours le suivant.