25 octobre 2014

Livre: La longue marche

(Jean-Pierre Mocky, entretiens avec Noël Simsolo; Écritures; 224 pages)

Le cinéma de Jean-Pierre Mocky est souvent fauché, parfois bâclé, voire mal fichu, mais il regorge également de quelques pépites qui ont toujours su attirer les meilleurs acteurs en activité. Même lorsque sa carrière semble derrière lui, Mocky trouve le moyen de nous surprendre, comme si de bonnes fées planaient derrière cet anar grande gueule. C’est d’ailleurs l’impression que l’on a en lisant sa biographie réalisée sous forme d’entrevues avec Noël Simsolo.
Avec son ton inimitable, Mocky revient sur sa vie émaillée d’incroyables coups de chance (qu’il a cependant su provoquer), nous parle de ses innombrables expériences et connaissances, et joue avec sa propre légende en se vantant comme un adolescent immature qu’il est probablement toujours un peu resté. Si sa vantardise (pour ne pas dire sa mythomanie) peut agacer un temps, le lecteur n’aura pas d’autre choix que de finir par l’accepter. Il se laissera alors entraîner dans un film de Jean-Pierre Mocky, où les situations sont improbables, les personnages trop typés, l’ambiance générale je-m’en-foutiste… Pourtant, comme dans un bon Mocky, il finira très probablement par se laisser prendre au jeu et par aimer ça!
Alors qu’importe si ce que Mocky nous dit est vrai ou faux, ce petit livre d’entretiens se laissera apprécier comme un bonbon. Mais attention, même ceux qui n’aiment pas ce ronchon invétéré risquent de tomber dans le piège et prendre plaisir à partager la vie (probablement un peu enjolivée, mais qu’importe) de papy Mocky, pour qui la conclusion Fordienne de The Man Who Shot Liberty Valance semble avoir été écrite: “Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende”.
Mocky ne s’en prive pas… Le pire, c’est que nous aimons ça!
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