26 novembre 2014

Livre: Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive

(Christophe Donner; Grasset; 304 pages)

Nous l’écrivions il y a peu à l’occasion de notre texte consacré à L’année des volcans: les romans s’inspirant de personnalités non fictives du monde du cinéma sont de plus en plus fréquents. C’est le cas du dernier livre de Christophe Donner, dont le personnage principal n’est autre que Jean-Pierre Rassam, producteur atypique de films marquants comme Nous ne vieillirons pas ensemble, Tout va bien ou La Grande Bouffe. Comme il avait pour soeur l’épouse de Claude Berri, dont la soeur vivait avec Maurice Pialat, Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive nous permet de retrouver tout ces gens, devenus pour l’occasion des personnages secondaires de roman au même titre que Godard ou Jean Yanne.
Si le livre est largement documenté, le lecteur devra cependant garder en tête qu’il est une adaptation d’éléments réels. Pour cette raison, l’auteur se réserve notamment le droit d’imaginer les motivations de chacun et ne se prive pas de dresser des portraits qui plairaient peu à certains intéressés (s’ils étaient encore en vie). Cependant, devant l’expérience solide de romancier de Donner, qui maîtrise indéniablement l’art de présenter des personnages et de construire un récit, le lecteur se laissera probablement entraîner dans ce portait de Rassam passé au prisme Donner. Nous regretterons cependant que l’auteur donne parfois à certaines parties de son récit des allures trop journalistiques (il sort alors de cette fiction qui n’en est pas vraiment une pour aller vers une description purement factuelle, ce qui provoque des ruptures de ton peu heureuses) ou au contraire des allures d’exercice de style (deux pages sans ponctuation, pour ne citer que la plus problématique).
Ces deux exemples sont toutefois rares. Ils nuisent certes un peu à la qualité de l’ensemble, mais pas suffisamment pour faire de ce roman un échec. Bien au contraire… ce livre au titre superbe (qui est en réalité une phrase d’Orson Welles) est à dévorer avec délectation!
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