Joe (Charlotte Gainsbourg), une nymphomane autoproclamée, relate son histoire à Seligman (Stellan Skarsgård), un homme qui l’a recueillie alors qu’elle venait de se faire battre.
Réalisateur: Lars Von Trier | Disponible en DVD le 25 novembre 2014 (Métropoles Films Distribution)
Le battage publicitaire autour de Nymph()maniac annonçait le film qui ferait le plus parler de l’année. Il n’y avait pas là de quoi surprendre, Lars Von Trier ayant, en tant que cinéaste, un caractère de plus en plus provocateur. Son film, centré sur un personnage nymphomane et comportant des scènes de sexe « réelles », semblait fait pour heurter le bon goût figuratif. Dans sa version complète, qui comporte plus d’une heure supplémentaire, le film du réalisateur danois évite la farce totale même si, parfois, il ne s’en éloigne que de très peu.
En soi, les scènes à caractère sexuel sont loin d’être choquantes dans leur forme comme dans leurs idées. Elles ont un caractère mécanique, anti-érotique, qui renforce le caractère addictif qu’elles ont pour le personnage principal. Grâce à cette distance, elles se retrouvent parfois même à être drôles mais ne surprennent jamais autrement. Dans un film qui dure plus de cinq heures, elles deviennent rapidement banales, faisant partie du décor plutôt que du discours.
L’histoire principale est alternativement racontée par deux personnages (métaphore simpliste du cinéaste face à son spectateur) qui s’arrêtent constamment dans des digressions tantôt malignes, tantôt insignifiantes. Alors que la nymphomane tend à s’automutiler, le spectateur fait office de bien-pensant. Malheureusement, Trier fait preuve d’un manque de confiance envers son œuvre en expliquant tout textuellement. Si certaines des plus belles idées du film apparaissent dans ce discours, l’incapacité du cinéaste à sous-entendre quoi que ce soit réduit son film à une suite de concepts ne laissant aucune place à l’interprétation.
De plus, si l’idée initiale de Nymph()maniac semble être de redonner à la femme le droit de vivre pleinement sa sexualité, le film finit par faire l’apologie des discours provocateurs du cinéaste. Par exemple, le protagoniste citera et expliquera un discours que le réalisateur a fait à Cannes sur le nazisme. Trier tentera quant à lui de justifier une des scènes les plus grotesques et ridicules montrées au cinéma par un discours prétextant que l’acte de cacher quoi que ce soit serait une forme d’hypocrisie (la scène finale, particulièrement bête).
Le film, qui opérait comme une imparfaite mais massive épopée se termine alors comme une insulte simpliste envers le spectateur.