19 juin 2015

L’affaire SK1 ***½

En 2001, alors que se déroule le procès de Guy George, accusé d’avoir violé et assassiné sept femmes, nous suivons en parallèle l’enquête policière qui a mené à son arrestation.

Réalisateur : Frédéric Tellier | Dans les salles du Québec le 19 juin 2015 (AZ Films)

Les films inspirés de faits réels qui abordent leur sujet avec autant d’aplomb et de minutie que L’affaire SK1 (pour Serial Killer n°1) sont rares. Il ne fait d'ailleurs aucun doute que le long-métrage de Frédéric Tellier deviendra un référence en ce qui concerne le cas de Guy Georges, mais également un incontournable dans les annales du drame judiciaire. Ne lésinant pas sur les détails, le réalisateur retrace l’enquête étape par étape dans toute sa complexité procédurale, avec son lot d’embûches, de problèmes bureaucratiques, de guerres intestines au sein des différents départements et de facteurs circonstanciels qui ont permis au meurtrier sadique de sévir à Paris pendant presqu’une décennie sans se faire prendre. Filmé caméra à l’épaule, le travail des policiers est décrit avec un réalisme surprenant, au point que certaines scènes de crime donnent froid dans le dos, non à cause du sang ou des images morbides, mais en raison de charge émotive qui s’en dégage. À ce chapitre, Raphaël Personnaz et Olivier Gourmet (dans le rôle des enquêteurs) livrent de solides performances mais la palme d’interprétation revient à Adama Niane dans le rôle de Guy Georges. Non seulement il réussit à nous faire voir l’être humain derrière le monstre présumé, mais sa prestation à l'occasion du procès est éblouissante.
Cela dit, le montage parallèle entre l’enquête et le procès s’avère parfois agaçant, le récit donnant l’impression de s’interrompre à tout moment, même si la finale explique en grande partie pourquoi le scénariste-réalisateur voulait tant dépeindre ce moment décisif. On comprend aussi le dilemme moral auquel furent confrontés les avocats de la défense (William Nadylam et Nathalie Baye, crédibles à souhait) alors qu’ils devaient essayer d’innocenter un homme que le grand public condamnait d’avance.
En sommes, à une époque où les bonnes intrigues policières sont reléguées au petit écran, c’est rassurant de voir qu’un long-métrage ose encore dépeindre une enquête aussi complexe sans user des raccourcis habituels.
L’affaire SK1 est sans conteste l’un des meilleurs drames judiciaires des dernières années.
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