23 octobre 2015

The Forbidden Room (La chambre interdite) ***½

Un coureur des bois débarque dans un sous-marin où l’équipage est sur le point de manquer d’air. C’est le début d’une grande aventure…

Réalisateur : Guy Maddin, Evan Johnson | Dans les salles du Québec le 23 mars 2015 (Métropole Films)

Guy Maddin a toujours fait des films étranges. Il se surpasse toutefois avec The Forbidden Room, son œuvre la plus ambitieuse à ce jour qui est également un condensé branché sur le 5000 volts de ses obsessions: revisiter le cinéma des années 20 en rendant hommage à ses maîtres (Murnau, Lang, von Sternberg et compagnie) tout en l’adaptant à sa propre sensibilité. Il sera donc presque toujours question de fantômes, de relations tordues et d’une mère inquiétante.
La particularité de ce nouveau long métrage est de verser volontairement dans la surenchère. Il y a près de 20 histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres, une soixante de personnages (incarnés par des acteurs aussi acclamés que Roy Dupuis et Mathieu Amalric), un montage exacerbé qui donne le tournis, des images retravaillées à l’extrême, des mélodies qui se superposent encore et encore, etc. C’est un cinéma d’excès où tout peut arriver et où tout finira par arriver.
Ces deux heures seront un bonheur ou un calvaire pour le cinéphile (tout dépend de sa sensibilité aux stimuli qui déferlent sur lui). Réduire le tout à 75 minutes aurait pu paraître un bon compromis (le film durait 150 minutes lors de sa présentation à Sundance !), mais cela nous aurait fait passer à côté de l’essentiel. Il y a tellement eu de films muets et parlés oubliés, censurés ou détruits dans l’histoire que cette déflagration est un juste retour du balancier: un rappel que l’art peut se former à partir de n’importe quoi et qu’il le fait avec sincérité (en soulignant l’importance du passé et de la nécessité de rompre avec l’amnésie) et humour noir (le patriarcat généralisé fait en sorte que pratiquement tous les personnages féminins finissent kidnappés et abusés !).
L’originalité onirique mène The Forbidden Room de bout en bout et il n’y aura certainement rien de plus hallucinant et tordu à voir cette année. Peut-être que cela jettera les projecteurs sur la carrière de son cinéaste qui, après avoir offert ses plus grandes fresques (Brand Upon the Brain! et My Winnipeg), continue à s’amuser comme un petit fou.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***
Olivier Maltais: ***
Sébastien Veilleux: ****
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