23 novembre 2015

Livre: En tête à tête avec Orson. Conversations entre Orson Welles et Henry Jaglom

(édité et présenté par Peter Biskind; Robert Laffont; 368 pages)

Entre 1983 et sa mort en 1985, Orson Welles se réunit régulièrement avec son ami Henry Jaglom (cinéaste britannique n’ayant pas particulièrement marqué l’histoire du cinéma) pour dîner et aborder avec lui de nombreux sujets. Vingt-cinq ans plus tard, Peter Biskind décide de retranscrire ces échanges enregistrés par Jaglom.
Avant d’entamer la lecture de l’ouvrage, le programme ne peut que faire saliver. Non seulement Orson Welles est une des personnalités majeures du 7e art mais en plus, la promesse d’une discussion avec un proche laisse espérer une certaine complicité, propice au partage d’intéressantes confessions.
Malheureusement, le lecteur comprendra vite que le contenu est très éloigné de ce qu’il aurait pu espérer. Le goût de la provocation et du ragot de Welles finit en effet très vite par lasser et par n’intéresser que son interlocuteur. Peut-être que certains lecteurs seront ravis d’apprendre que Chaplin «était profondément bête à plein de niveaux», que Rear Window est mauvais, mais que «Vertigo est encore pire» ou que The Red Shoes est de «la caca total»… Par contre, qui peut être intéressé par les ragots innombrables, par les analyses politiques d’un simplisme déplorable, par les trop nombreuses discussions purement anecdotiques sur la qualité de tel plat ou sur l’horrible odeur d’un pet de chien? Peut-être aurait-il été pertinent de préciser à Biskind que dans un entretien, il n’est pas nécessaire de tout conserver!
Au final, si le livre comporte quelques remarques pertinentes (à propos de Woody Allen: «il se déteste et il s'adore à la fois, ce qui crée beaucoup de tension»), le tout n’est rien d’autre qu’un ouvrage indigeste... et particulièrement inutile.
Jaglom avait gardé les enregistrements des conversations pendant vingt-cinq ans avant d’accepter de les confier à Biskind… à la lecture de ce piètre En tête à tête avec Orson, on comprend mieux pourquoi.
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