26 janvier 2016

DVD: Difret **

(Réalisation: Zeresenay Berhane Mehari | Disponible en DVD au Québec chez Métropole à partir du 26 janvier 2016)

Lorsque la jeune Hirut (Tizita Hagere) tue l’homme qui voulait faire d’elle sa femme, elle se retrouve prise entre le système judiciaire et les lois tribales.
Le scénario basé sur une histoire véridique se veut un vibrant hommage aux droits des femmes en Éthiopie. Le film défend avec sensibilité l’importance de confronter des lois qui sont pour la plupart conçues et votées par des hommes. Le personnage de l’avocate (Meron Getnet) représente donc cette voix de femme qui s’insurge contre le pouvoir établi. Il s’agit à la fois de la force et de la faiblesse du film, l’avocate agissant comme porte-parole d’Hirut, lui laissant en fin de compte peu de place pour s’exprimer.
De plus, l’agression que subit la jeune fille ainsi que l’acte meurtrier commis par celle-ci n’ont pas l’importance souhaitée. La réalisatrice, qui semble appuyer sa structure narrative sur le traumatisme d’Hirut, propose un film des plus confus. Naturellement, les intentions y sont pures et Difret dénonce tout en douceur un système de lois et de pensées archaïques. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’être perplexe face à une construction dramatique instable. Plusieurs pistes importantes sont lancées avec attention pour ensuite être ignorées ou reprises furtivement au détour d’une conversation.
De plus, les complexités de la loi confrontée à la justice tribale pourront en rebuter plus d’un. La pratique de la loi, qui est la seule ligne de défense pour la jeune fille n’est en effet pas assez étoffée dans le scénario. Malgré tout, la relation entre Hirut et son avocate, sur laquelle reposent les plus belles scènes du film, propose un dialogue essentiel entre deux femmes qui se rejoignent dans un désir de liberté.
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