1 juillet 2016

Swiss Army Man **½

Perdu sur une île déserte, un jeune homme (Paul Dano) devient ami avec un cadavre revenu à la vie (Daniel Radcliffe) qui l’aide à retrouver la civilisation.

Réalisateurs : Daniel Scheinert, Daniel Kwan | Dans les salles du Québec le 1er juillet 2016 (Séville)

Swiss Army Man est certainement un des films les plus originaux de l’année, un peu comme si Michel Gondry se permettait de refaire Weekend at Bernie’s. Il y a de l’inventivité à revendre dans la démarche des nouveaux venus Daniel Scheinert et Daniel Kwan, une caméra lumineuse et des choix sonores exquis.
Le tout ne transparaît toutefois pas lors de la pénible introduction où les farces de flatulences se succèdent. Des gamins de 15 ans et admirateurs d’American Pie se trouvent-ils derrière le scénario? Peut-être bien! Cela pourrait expliquer cette immaturité chronique, cette psychologie un peu simpliste de traiter du sens de l’existence malgré des détours prometteurs quoique prévisibles.
Un transfert d’univers ne tarde heureusement pas à se matérialiser et c’est là que la magie peut opérer. Une amitié touchante naît entre les deux protagonistes, pratiquement une romance qui tire le meilleur d’un Daniel Radcliffe en contre-emploi délicieux et d’un Paul Dano toujours allumé, qui défend un rôle similaire au supérieur Ruby Sparks.
Ensemble, ils arrivent à métamorphoser complètement leur quotidien, transformant le simple film de survie en camaraderie loufoque et insolite. Une recréation toujours cinématographique où les moments de grâce apparaissent furtivement. Il est dommage qu’ils ne soient pas plus nombreux car l’essai très inégal ne tarde pas à s’enliser et à tourner en rond, rappelant que le format du court métrage est parfois le meilleur pour une excellente idée de départ qui n’innove guère par la suite.
Véritable voyage en montagnes russes qui se termine sur une finale assez réjouissante, Swiss Army Man séduit et irrite tout à la fois. Il y a là l’essence d’une œuvre profonde derrière son absurdité ambiante, essence qui ne se manifeste pas toujours pleinement à l’écran.
On en sera quitte pour une divertissante expédition en forêt, décalée sans jamais être essentielle.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: **½
Jean-Marie Lanlo: **½
Sami Gnaba: **½
Olivier Maltais: ***½
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