17 février 2017

Toni Erdmann ****

Critique publiée dans le cadre du FNC 2016

Ines se consacre tellement à sa carrière qu'il lui reste peu de temps pour son père Winfried, excentrique dont l’humour est souvent déplacé et désagréable. Alors qu’elle travaille à Bucarest, Winfried s’invite inopportunément et s’invente la personnalité de Toni Erdmann pour se rapprocher de sa fille.

Réalisatrice : Maren Ade | Dans les salles du Québec le 17 février 2017 (Métropole)

Toni Erdmann fut un véritable phénomène lors du dernier Festival de Cannes. Pourtant, le jury créa une certaine indignation auprès de la presse internationale en ne lui décernant aucun prix. Si ce type de consensus critique s’effondre parfois lorsque le film est enfin projeté de notre côté du globe, force est de constater que le troisième long-métrage de Maren Ade mérite tous les éloges recueillis.
Proposant un récit de réconciliation père-fille somme toute assez banal, la cinéaste donne à son film une unicité qui vient avant tout de ses personnages. Le père (blagueur invétéré dont l’humour crée le malaise plus souvent qu’autrement) se retrouve en opposition avec sa fille qui tente avec beaucoup de succès de se créer une place dans le monde des affaires. La dynamique est assez attendue, mais elle prend une nouvelle dimension grâce à la figure paternelle dont la présence absurde est poussée jusqu'à ses limites et détonne avec l’univers très contrôlé dans lequel la fille évolue. Cet univers devient d'ailleurs rapidement lui aussi vecteur d’incohérences de la vie moderne. Traitant par la bande d'un système social qui déresponsabilise tous et chacun du bien-être des autres, Ade reconfirme l’importance du noyau familial sans pour autant pointer du doigt ceux et celles qui l’ont laissé se défaire.
La réalisatrice excelle d’ailleurs dans son traitement naturaliste. Évitant de forcer les contrastes ou de chercher le gag à tout prix, le film laisse la dynamique entre les personnages faire le travail. Toni Erdmann est souvent drôle, mais il l’est car les personnages le sont. De la même sorte, il est tout aussi touchant, et la réconciliation attendue accompagnera longtemps le spectateur, tant son caractère ambigu fait preuve d’une profondeur émotionnelle rarement égalée au cinéma.
L'avis de la rédaction :

Olivier Bouchard: ****
Jean-Marie Lanlo: **½
Martin Gignac: ****
Pascal Grenier: ***½
Olivier Maltais: ***½
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