19 novembre 2021

★★★ | The power of the Dog (Le pouvoir du chien)

Réalisation: Jane Campion | Dans les salles du Québec depuis le 17 novembre | Sur Netflix à partir du 1 décembre

Après plus de dix ans d’attente, Jane Campion nous revient enfin avec un nouveau long métrage ! Elle y explore un univers très viril (celui du western), en suivant dans un premier temps la confrontation de deux frères aux personnalités diamétralement opposées. Très vite, un personnage féminin fera son entrée dans la danse, tout comme celui de son fils, jeune adulte éduqué et artiste, à des années-lumière du héros de western.
La cinéaste continue alors son petit jeu de confrontation des contraires entre ses différents personnages, mais également entre les grands espaces et les intérieurs, associés à des référents westerniens très signifiants (le masculin et le féminin), en prenant un malin plaisir à brouiller les cartes pour permettre aux contraires de se rapprocher (?), à certains liens de s’étioler, et surtout aux certitudes de se déliter.
Les enjeux multiples qu’aborde Campion avec une grande intelligence (car avec un refus de la facilité et un sens de la nuance parfaitement maitrisée), son indéniable sens de la mise en scène (la valse des personnages entre intérieur et extérieur) et ses qualités de direction d’interprètes (Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst et Jesse Plemons ont rarement été aussi excellents!) auraient pu contribuer à faire de The power of the Dog un très grand film. Il ne l’est malheureusement pas, comme il n’est pas la meilleure relecture d’un genre par Campion (nous préférions sa relecture du film noir avec le pourtant malaimé In the Cut, que nous conseillons plus que jamais de revoir).
La faute en revient probablement à sa durée, trop courte (malgré ses 2 h 06) pour aller en profondeur dans l’exploration du concept mis en place par la réalisatrice. La succession de confrontations qu’elle construit (les deux frères, les futurs époux, le fils et son oncle par alliance, etc.) qui n’a pas le temps de rendre compte de leur richesse, de leur complexité, de leur évolution. Le rythme aurait probablement gagné à être plus lent, le temps plus étiré, le film plus long. Pour cette raison, le film manque de “vie” et se transforme régulièrement en exercice certes intelligent et bien construit, mais rendu abstrait par des personnages qui ressemblent plus à des portevoix d’une intention de cinéaste qu’à des vecteurs de la complexité des sentiments et des relations.
SHARE