3 novembre 2022

★★★★ | Armageddon Time (Le Temps de l'Armageddon)

Réalisation: James Gray | Dans les salles du Québec le 4 novembre 2022 (Focus Features)
On connaît la place prépondérante qu’occupe la famille dans le cinéma de James Gray. Pour son huitième long-métrage, le réalisateur de We Own the Night se replonge dans son enfance avec Armageddon Time, drame très personnel à saveur autobiographique. Le film se déroule dans le Queens à New York en 1980, où le cinéaste a grandi. La trame narrative suit le parcours d’un jeune garçon de 12 ans dont l’avenir prend une tournure morose et inattendue qui coïncide étrangement avec la campagne présidentielle de Ronald Reagan et la transformation du rêve américain en cauchemar.
Avec ce récit d’apprentissage, Gray évite les pièges de la nostalgie en optant pour un ton mélancolique, didactique et sombre où le thème de la désillusion se trouve au cœur du propos. À travers une histoire en apparence simple, Gray se concentre d'abord sur les relations familiales, puis sur la relation d'amitié entre deux garçons.
Cette chronique aux ramifications complexes nous montrent des situations familières faussement banales — les scènes de repas chaotiques — où les attitudes peuvent changer au fil du temps, impliquant une meilleure compréhension. Cette dernière se manifeste aussi dans l’éducation scolaire avec cette opposition entre l’école publique et l’enseignement privé capitaliste financé par nul autre que Fred Trump, père de Donald.
À travers son savoir-faire ludique habituel et sa qualité d’interprétation (Anthony Hopkins et Jeremy Strong, excellents), Gray propose une chronique douce-amère qui se transforme petit à petit en une profonde méditation sur l’Amérique du début des années 1980. Une œuvre mélancolique où il nous fait part de l’importance de comprendre le passé familial, d’y réfléchir et de le transmettre à nos enfants, car au bout du compte, on finit tous par en sortir un peu. Et pour Gray, le cinéma est le plus beau moyen d’y parvenir.
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