2 décembre 2022

★★★½ | Petite nature


Huit ans après Party Girl (réalisé conjointement avec Marie Amachoukeli et Claire Burger), Samuel Theis retourne dans sa Lorraine natale pour son premier film en solo avec Petite nature. Présenté en séance spéciale à la 60e semaine de la Critique à Cannes en 2021, ce drame d’apprentissage est une plongée bouleversante dans le monde de l’enfance. La caméra suit à hauteur d’enfant le parcours initiatique de Johnny, un jeune garçon de 10 ans très androgyne aux cheveux longs blonds et au regard d’ange qui, pour fuir à sa famille toxique, va se lier d’amitié avec son nouvel enseignant auprès de qui il se sent plus à l’aise et mieux compris. Avec intelligence et sensibilité, le réalisateur s’inspire de sa propre expérience et propose un parcours en forme de lutte personnelle et émotionnelle de ce jeune protagoniste en quête d’identité sociale et sexuelle.
Dans le rôle de Johnny, le jeune Aliocha Reinert crève l’écran avec son mélange de fragilité et de pulsions de rage qui éclate par à-coups (mémorable lors de la scène d’un dîner familial). Malgré quelques petites longueurs et certaines scènes répétitives, ce qui démarque Petite nature des autres drames sociaux familiaux plus manichéens des récentes années (Un monde) est cette manière de dépeindre la transcendance que cet enfant trouve dans de nombreux aspects qui peuvent sembler superflus aux yeux des adultes. C’est par son processus d’apprentissage qu’il traverse les difficultés reliées à la banlieue, à la pauvreté et à une famille dysfonctionnelle. Le film évite habilement les pièges du misérabilisme et se concentre sur l’origine de sa passion et de son désir pour un professeur attentif, qui coïncide avec le moment le plus douloureux de sa vie. C’est dans cette distinction entre la réalité et le désir que le film trouve son équilibre, que le jeune Johnny arrive à un point de convergence et que le drame grandit sous nos yeux.
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