Réalisateur: Quentin Dupieux | Dans les salles du Québec le 24 mai 2024 ( Métropole Films Distribution) |
Comment réaliser un biopic d’un artiste aussi improbable que Dalí, qui a presque réussi à éclipser aux yeux du grand public son propre génie créatif au profit du personnage extravagant qu’il s’est forgé ? Quentin Dupieux répond à cette interrogation par une démarche originale : en concevant un anti-biopic, et en fragmentant son personnage principal à travers l’interprétation de cinq acteurs différents. Cette approche est non seulement ingénieuse mais s’harmonise parfaitement avec l’esthétique de Dupieux. L'autre bonne idée est que le réalisateur n’a pas tenté de recréer les œuvres emblématiques du maître, mais plutôt de capturer un univers qui lui serait fidèle. Pour ce faire, il puise autant dans son propre imaginaire que dans un éventail de références culturelles, dont Luis Buñuel est la plus évidente.
Malheureusement, Dupieux paie ici le prix de sa boulimie de réalisateur hyperprolifique. Ses idées sont en effet parfois un peu bâclées, comme si, à force de tourner vite, il n’avait jamais vraiment la tête au projet qu’il est en train de filmer. Certes, le film regorge de trouvailles (la plus irrésistible est probablement, au tout début du film, ce couloir d’hôtel interminable). Néanmoins, le rythme s’essouffle plus rapidement que de coutume. Malgré sa brièveté (1 h 18), le film peine à maintenir son élan, et la boucle narrative finale que nous propose Dupieux ressemble plus à du surplace artistique qu’à une réelle proposition pertinente. De plus, la performance inégale des acteurs incarnant Dalí est flagrante, et fortement nuisible : si Edouard Baer et Jonathan Cohen brillent par leur talent, Pio Marmaï et Gilles Lellouche ne sont jamais à la hauteur de leur personnage.
En somme, Daaaaaalí ! n’est pas dénué de charme, mais il s’agit d’une œuvre mineure dans la filmographie de Dupieux. Cependant, l’espoir demeure : son prochain film sera probablement à la hauteur de nos attentes. Et si ce n’est pas le cas, il y aura toujours le suivant.