Réalisateur: Janus Metz / En salles le 17 juin 2011 (Cinéma du Parc)
En commençant à suivre les soldats avant même leur départ pour le conflit, et en restant à leurs côtés durant toute la mission, Janus Metz devient un des leurs. Ainsi, jamais il ne donne l'impression d'être voyeur ou trop distant, son appartenance au groupe étant évidente. Cette approche lui permet de nous fournir un document très réaliste et de rendre palpable ce mélange d'ennui et de proximité du danger qui fait le quotidien des soldats. Pourtant, à côté de cela, le travail sur le cadre, l'image, la musique ou le montage, parfois proche de l'onirisme ou d'une certaine abstraction, donne un sentiment de fiction, comme si sa vie, durant ces six mois, n'avait pas été une vie de ce monde mais une vie inventée. En nous détachant ainsi du réel, il ne fait que rendre plus brutal le retour aux scènes purement documentaires et nous permet de comprendre plus facilement les états d'âme de ces soldats, leur aliénation, leur joie malsaine d'avoir tué, comme s’ils finissaient eux aussi par se détacher de la réalité, comme si ces six mois étaient une parenthèse où le jeu de la guerre s'apprécie grandeur nature. Ainsi, étrangement, si Janus Metz n'excuse pas, il ne condamne pas non plus. Il parvient juste à nous faire vivre un peu l'inimaginable, à nous montrer ces jeunes gens qui jouent à tuer comme lui-même joue à être Coppola. Il nous incite à nous questionner sur ces combattants qu'une situation absurde et moralement difficile conduit à fuir la réalité en choisissant de la confondre avec la fiction. Il nous livre surtout une réflexion passionnante sur la guerre, finalement assez proche d’Apocalypse Now, dont il dit s’être inspiré.