10 février 2012

We need to talk about Kevin (Il faut qu'on parle de Kevin) ****

Eva (Tilda Swinton), une femme célibataire, semble souffrir de troubles psychologiques qui la ramènent continuellement vers le souvenir d’un passé idéal tournant progressivement au désastre familial. En reconstruisant le puzzle de ses souvenirs, nous comprendrons sa douleur et son histoire.

Réalisatrice: Lynne Ramsay | Dans les salles du Québec le 10 février 2012 (Les films Seville)

Rapidement, Lynne Ramsay parvient à nous plonger dans la peau de cette femme (Tilda Swinton, magistrale) qui semble vivre dans un état proche de la folie ou de la paranoïa. Petit-à-petit, à force de retours en arrière, la narration nous permet de reconstruire les pièces du puzzle qui l’ont menée vers cette vie brisée. Si nous comprenons vite que le point de rupture concerne son fils Kevin, nous revivons le fil des événements sans savoir précisément vers quel drame il va nous conduire. Lorsqu’il éclate, son ampleur peut surprendre mais son caractère inéluctable (induit par un travail d’écriture et des choix narratifs pertinents), lui évite d'apparaître comme une facilité destinée à surprendre le spectateur. L’intelligence de la construction n’est pas la seule qualité de We need to talk about Kevin. La réalisatrice, qui a très peu recours aux dialogues, semble vouer une confiance absolue à ses images. Loin d’être un travail purement formaliste (que l’on peut craindre dans un premier temps de voir sombrer dans le maniérisme), elle traduit avec une efficacité implacable la souffrance d’Eva. Le reste du casting (John C. Reilly, mais aussi Jasper Newell, Rock Duer et Ezra Miller, tous impeccables dans le rôle de Kevin) contribue définitivement à faire de We need to talk about Kevin un film d’une force et d’une justesse particulièrement réjouissantes.
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