3 mai 2012

Vues d’Afrique 2012: L’amante du Rif ***

Réalisatrice: Narjiss Nejjar (lire notre entrevue)

Aya (Nadia Kounda) a vingt ans. Elle est belle, un peu rebelle et rêve d’un amour idéal. Lorsqu’elle croise “le baron” (Mourade Zeguendi), un gros trafiquant de drogue, elle va être confrontée à une réalité bien différente de ses rêves.

L’amante du Rif est un film aux qualités évidentes. La beauté de la photo signée Maxime Alexandre (Haute Tension, The Hills Have Eyes... autant dire qu’on ne l’attendait pas vraiment là) frappe d’emblée. Sa capacité à filmer deux jeunes filles ingénues irradiant chaque plan de leur fraîcheur et offrant un contraste permanent avec un environnement social sclérosé est particulièrement convaincant. La force de l’image permet en quelques plans de donner une épaisseur à cette Aya qui va rapidement devenir désabusée car condamnée à vivre prisonnière (des coutumes, de sa famille, du qu'en-dira-t-on, de l’homme qu’elle aime, etc) malgré ses rêves. En plus de son sens graphique, la réalisatrice Narjiss Nejjar (dont le film Les yeux secs avait été présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2003) fait preuve de sensibilité et d’une tendresse évidente pour son personnage. Il manque cependant à L’amante du Rif un petit quelque chose pour devenir un grand film, probablement en raison de cette envie de vouloir trop en faire ou trop en dire: les intentions et la clarté du message à transmettre prennent ainsi souvent plus d’importance que le personnage et sa souffrance. À force de confier à Aya un rôle illustratif, le film prend en effet le risque de lui enlever toute crédibilité. Heureusement, la magnifique Nadia Kounda (jeune comédienne aussi belle qu'émouvante), finit par faire pencher la balance du bon côté en rendant palpable cette envie de vivre ses rêves et le profond désespoir lié à leur impossibilité.
Plutôt que de critiquer certains aspects du film, laissons-nous donc porter par ce beau personnage, ses espoirs déçus... et finalement par ce beau film désabusé sur une femme tentant en vain de survivre dans une société d’hommes... dirigée par des hommes... pour des hommes!
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