22 juin 2012

Safety Not Guaranteed ***½

Trois journalistes (Aubrey Plaza, Jake Johnson et Karan Soni) partent à la recherche d'un mystérieux inconnu (Mark Duplass) ayant publié une petite annonce dans laquelle il déclare chercher un partenaire pour l'accompagner dans un voyage dans le temps.

Réalisateur: Colin Trevorrow | Dans les salles du Québec le 22 juin (Alliance Vivafilm)

Safety Not Guaranteed, agréable comédie signée Colin Trevorrow, repose sur des personnages volontairement typés et caricaturaux (interprétés par des acteurs talentueux, notamment Mark Duplass et la charmante Aubrey Plaza), une histoire farfelue mais bien fichue, des dialogues savoureux et un bon rythme. Mais Colin Trevorrow ne se contente pas de ces atouts, déjà fort estimables. Il associe en plus un style réaliste très “cinéma indépendant américain” avec des situations parodiques décalées (la filature, les scènes d'entraînement, la scène d’infiltration), pour un résultat particulièrement probant. Cette double approche permet en effet au film d’être à la fois très drôle et très respectueux de ses personnages. C’est d’ailleurs son principal atout: si les personnages sont caricaturaux ou peu probables (du play boy qui cache un grand manque affectif à l’hindou ultra geek hyper coincé, en passant par l’illuminé paranoïaque qui imagine pouvoir voyager dans le temps), l’interprétation, les qualités d’écriture et la mise en scène rigoureuse parviennent à les rendre toujours crédibles. Leurs actes sont certes amusants, mais jamais Colin Trevorrow n’use d’effets faciles pour les traiter de haut. Il ne crée donc pas de distance entre eux et le spectateur mais parvient au contraire à immerger ce dernier dans un monde idéalisé et proche de celui de l’enfance, où il suffit de souhaiter très fort un rêve pour qu’il se réalise. Si dans la vraie vie, il n’est pas facile de choisir entre le refus de grandir (et donc le refus du monde “réel”) et l’acceptation du monde des adultes (et de sa société néolibérale ressemblant de plus en plus à un panier de crabe), le réalisateur parvient à nous entraîner vers une alternative convaincante (fuir le monde pour le rendre plus acceptable). Bien sûr, cette solution n’existe pas dans la vraie vie, mais nous sommes au cinéma et la foi que porte le réalisateur dans son art et dans ses personnages ainsi que ce savant mélange de réalisme et de fantaisie suffisent à nous entraîner dans son doux délire.
En comprenant que l’humour et la petite folie d’un film ne sont incompatibles ni avec le sérieux de sa conception (rappelons la qualité du scénario, récompensé à Sundance du Waldo Salt Screenwriting Award) ni avec un certain réalisme, Colin Trevorrow nous offre une petite surprise drôle, sans prétention (ce qui fait du bien dans le cinéma indépendant américain), pleine de charme... et nous rappelle par la même occasion que le terme “divertissement intelligent” n’est pas un oxymore! Il est bien agréable, de temps en temps, de le constater!
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