31 juillet 2012

Fantasia 2012: Monsters Club (Monsutazu Kurabu) ****

Réalisateur: Toshiaki Toyoda

Ryoichi (Eita) ne veut plus vivre dans une société industrialisée, qui donne au peuple l’illusion de la liberté en l'aliénant plutôt de plus en plus.
Nous seulement il opte pour l’isolement total en allant vivre dans une cabane perdue dans la montagne, mais en plus, il fabrique des bombes artisanales qu’il expédie au nom du Monsters Club (dont il est l’unique membre) aux principaux représentants de la dérive de la société.
Contrairement à ce que pourrait laisser présager la prémisse, Monsters Club n’est pas un film politique au message anarchisant ou naïvement anticapitaliste. Le film de Toshiaki Toyoda est plutôt le portrait d’un homme meurtri et perdu qui ne sait plus où aller. En plus de nous faire entendre les pensées ou les motivations idéologiques du principal protagoniste, il fait intervenir des fantômes du passé et des souvenirs familiaux. Ainsi, le film s’éloigne du film politique qu’il n’a jamais vraiment été pour confronter Ryoichi à ses certitudes, lui permettant d’acquérir une épaisseur supplémentaire au fur et à mesure que le doute apparait. La pureté de la mise en scène, très précise mais toujours d’une belle sobriété, associée à la qualité du texte (également signé Toyoda) et de la bande-son accompagnent à merveille l’évolution de ce personnage passionnant, que la soif de liberté pousse à choisir entre l’action terroriste ou le suicide (comme l’y incite le fantôme de son frère)... à moins que n’existe une troisième voie!
Beau malgré sa sobriété, écrit à la perfection, complexe comme le fonctionnement de l’âme humaine malgré son apparente simplicité, se concluant de manière très émouvante dans les rues de Tokyo avec, en voix hors champs, un poème magnifique signé Kenji Miyazawa, Monsters Club parvient à pénétrer dans l’intimité d’un personnage avec une telle acuité mais aussi une telle pudeur qu’il vous laissera probablement sans voix...
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