Réalisation: Ryûsuke Hamaguchi | Dans les salles du Québec le 17 mai 2024 (Enchanté Films) |
Dans un petit village du Japon, où la sérénité et le lien profond avec la nature sont des piliers de la vie quotidienne, l’harmonie est brusquement menacée par l’arrivée de citadins assoiffés d’argent. Ces derniers projettent d’installer un “glamping” (contraction de glamour et camping), une initiative dont la conception maladroite pourrait porter préjudice à l’environnement local.
Comme on peut le constater à la lecture de ce court résumé, Le mal n'existe pas aborde un sujet à forte portée sociale et environnementale. Il est peut-être toutefois traité de façon un peu trop simpliste et manichéenne, bien que Ryûsuke Hamaguchi s’efforce d’apporter une certaine nuance dans la représentation des deux protagonistes citadins. Cependant, ces réserves semblent secondaires tant l’essence du film surpasse son intrigue. L’intérêt réside principalement dans les moments où Hamaguchi capture avec une sensibilité palpable le lien indéfectible entre la nature et les humains qui la chérissent, la comprennent, la respectent et la valorisent. Grâce à une réalisation subtile et des images parfois éblouissantes, agrémentées d’une utilisation habile de la musique, le premier et le dernier tiers du film sont un véritable régal cinématographique.
On pourrait alors presque regretter que le film ne soit pas plus audacieux, qu’il ne s’éloigne pas davantage d’une trame narrative quelque peu pesante, qu’il ne se laisse pas davantage emporter par l'observation de l’homme en symbiose avec la nature, qu’il ne se transforme pas en une fable poétique plutôt qu’en un drame social. Néanmoins, ces réserves s’estompent face aux innombrables atouts de l’œuvre. Et parmi eux, le plus remarquable est sans doute la séquence finale, qui condense tout ce que l’on a apprécié dans le film, enrichi d’un mélange de mystère, de violence et de douleur d’une intensité bouleversante.