17 octobre 2012

FNC 2012: Clip ****

Réalisatrice: Maja Miloš

La section Temps 0 du FNC nous propose généralement une programmation très intéressantes. Malgré quelques faux pas en début de festival (dont le piètre film signé Sion Sono : The Land of Hope *), elle se rachète avec cette petite bombe en provenance de Serbie.
Vu de loin, le programme a de quoi choquer: des personnages adolescents en perte de repères impliqués dans des scènes de sexe explicites, sniffant de la coke ou se livrant à des actes de violence qui ne dérangent personne. Pourtant, si, sur le papier, Clip fait énormément penser au cinéma de Larry Clark, il y a une différence de taille: le regard.
Alors qu’il est possible de concevoir le travail de Clark comme un mélange de voyeurisme et de perversion, Maja Miloš parvient à faire ce que Clark ne fait pas: nous livrer un témoignage de l’intérieur. Le double fait d’être une jeune femme et d’avoir, à peu de chose près, l’âge de ses personnages, est un facteur important lorsqu’on aborde un tel sujet de manière aussi crue: on ne peut pas l’accuser de se rincer l’oeil. Elle a également l’intelligence de filmer les scènes explicites par le biais du téléphone portable de son héroine. Du coup, ce n’est plus la cinéaste mais le personnage qui nous offre ces scènes, dans un élan d'exhibitionnisme finalement rendu crédible, donc moins choquant.
Avec ce film qui aura probablement sur certains spectateurs le même effet que Laurentie l’an dernier (en clair, tout le monde ne rentabilisera pas le prix de son billet d’entrée en regardant le film jusqu’au bout), Maja Miloš nous livre un portrait universel, désabusé et réaliste d’une certaine jeunesse, de sa fuite perpétuelle hors de la réalité pour se protéger de tout et de rien... et de la terrible différence qui sépare les jeune femmes et les jeunes hommes: les premières se vautrent dans une sexualité débridée pour tenter de gagner l’amour de l’autre, les seconds le font pour le pouvoir!
Clip n’est pas un film facile. Il est même très souvent dérangeant... mais ce qui est le plus difficile à admettre est moins son caractère sulfureux que la pertinence de son propos. C’est pour ça qu’il est indispensable!
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