13 octobre 2012

FNC 2012: Orléans ***½

Réalisateur: Virgil Vernier

Le FNC, c’est un nombre assez important de films que l’on attend depuis des mois... c'est aussi des petits films auxquels on ne prêterait pas attention s'ils n'étaient placés par hasard dans notre horaire, entre deux films à voir absolument. Parfois, ces petits films se transforment en belles découvertes. Ce fut le cas pour Orléans.
Bien sûr, Orléans n'est pas venu de nulle part (il a déjà été sélectionné à Locarno, par exemple) et son metteur en scène Virgil Vernier a déjà fait parler de lui (il a coréalisé Commisariat qui a, dit-on, inspiré Maïwen pour son Polisse, et a réalisé un documentaire très remarqué sur un physionomiste de boite de nuit: Pandore, d'ailleurs diffusé en première partie d'Orléans au FNC).
Nous devons cependant avouer que face aux poids lourds du FNC, Virgil Vernier faisait un peu figure de poids plume... du moins sur le papier! Dans les faits, il n'en est rien. Orléans mélange en effet fiction et documentaire avec une intelligence rare. Les première images volées dans la rue ou dans un bar à hôtesses sont typiquement documentaires (mais est-ce vraiment le cas?), et ses premiers contacts avec les personnages de fiction semblent l'être tout autant. Il faut un certain temps pour comprendre que nous sommes en fait dans une fiction, et que ce personnage de Joanne (Andréa Brusque) n'existe pas dans la vraie vie, qui reste cependant présente tout autour puisque Vernier continue de filmer de vrais gens, de vrais défilés militaires, de vraies messes et de vraies festivités consacrées à Jeanne d'Arc.
Jeanne d'un côté, Joanne de l'autre... subtilement, sans insister, en continuant à mélanger le documentaire sur la consécration d’une défenseure de la nation et une fiction sur une effeuilleuse, Vernier nous fait comprendre que l'Histoire (que l'on apprend) et les histoires (que l'on raconte) peuvent finir par se ressembler, et que Jeanne et Joanne, malgré plusieurs siècles d'écart et une lettre de différence, ont tout autant envie de croire, d’être portées par une certitude dans l'avenir... mais s'y brûleront peut-être les ailes!
L'air de rien, en une heure, avec des petits moyens mais avec une belle dose de talent, Virgil Vernier nous en dit des tonnes sur l'individu, sur la société, et sur notre besoin de nous raccrocher à ce qui est à notre portée (les espoirs ou les spectacles, institutionnalisés ou personnels, militaires ou religieux) pour continuer à espérer.
Merci Virgil Vernier, le FNC ne fait que commencer, mais votre petite heure de cinéma à votre façon restera probablement une de ses belles bouffées d’air frais!
Prochaine projection le 20 octobre. Ne la manquez pas!
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