5 octobre 2012

Holy Motors ****

Un homme (Denis Lavant, impressionnant) sort de chez lui et se dirige vers sa limousine. La conductrice (Edith Scob) l’informe de ses neuf rendez-vous de la journée. Pour chacun d’eux, il se déguise, se maquille, et devient un personnage complètement différent.

Réalisateur: Leos Carax | Dans les salles du Québec le 5 octobre 2012 (Métropole Films Distribution)

Treize ans après le superbe Pola X, l’enfant terrible du cinéma français nous livre un nouveau long métrage qui déstabilisera probablement ceux qui vont au cinéma pour se contenter de voir une belle petite histoire.
Dans ce film, encore plus que dans tous ses autres, Leos Carax fait confiance à l’intelligence du spectateur et refuse de le prendre par la main, de le rassurer, de le mettre dans une situation trop confortable. Il repousse au contraire constamment les frontières du vrai et du faux, de la mort et de la vie, du bon sens et de la folie... et prend plaisir à brouiller perpétuellement les pistes pour nous faire perdre nos repères. Mais cela ne veut pas dire qu’il nous emmène nulle part, bien au contraire. En nous égarant, il nous invite à nous interroger sur la création, sur la mort, la souffrance, le chagrin, mais aussi sur la frontière qui sépare la vie du cinéma, le réel du virtuel, ou encore sur notre propre existence, sa réalité, son éventuelle vacuité.
Mais jamais Carax n'impose quoi que ce soit. Toujours, il laisse au spectateur la possibilité de s'interroger sur un sujet sans jamais le lui imposer. À ceux et celles qui n’auraient pas envie de jouer le jeu de la réflexion, il propose une succession de scènes hommages à différents genres (du mélodrame musical au thriller noir), la prestation hallucinante d'un acteur génial (Denis Lavant), les apparitions savoureuses de guest superstars (Mendes, Minogue, Piccoli) et les touches d'humour que l’on avait déjà vues dans Tokyo (avec M. Merde... peut-être le personnage de cinéma le plus incroyable créé ces dernières années, que nous espérons revoir bientôt dans Merde in USA, toujours de Carax). Surtout, il nous permet d’apprécier un talent qui aurait probablement mérité de repartir de Cannes avec un prix!
Certains jurys font parfois des choix qu’il est difficile de comprendre!
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