5 octobre 2012

The Master (Le maître ) ****

Au retour de son service militaire, un homme (Joaquim Phoenix) fait la rencontre d'un groupe spirituel. Malgré sa nature sauvage, il joint les membres du culte tandis que le maître à penser de ceux-ci (Philippe Seymour Hoffman) le prend sous son aile.

Réalisation : Paul Thomas Anderson | Dans les salles du Québec le 5 octobre 2012 (Les Films Séville)

Pour le spectateur qui s'attendait à voir à l'écran le procès de l'Église de scientologie, il faudra aller chercher ailleurs. Le sixième film du réalisateur américain Paul Thomas Anderson (Punch Drunk Love, There Will Be Blood) brosse plutôt le portrait de deux hommes qui ne peuvent trouver leur place dans une société hostile. Joaquin Phoenix incarne avec justesse un homme qui, au retour de la guerre, fait face à son inaptitude à vivre en communauté. L'interprétation brillante que livre Phoenix transcende le sentiment d'aliénation jusqu'à l'incarner totalement. Sa rencontre avec le maître (Philippe Seymour Hoffman, excellent) lui sert en apparence de bouée de sauvetage. Le réalisateur fait preuve d'une grande sagesse, ainsi que de retenue, dans la manière dont il fait usage de cette bouée qu'il délaisse au fil du temps. De façon très réaliste, il enferme le spectateur, tout comme son personnage principal, parmi les disciples du culte, retranchés dans leurs convictions. Bien que le film semble en surface opposer les personnages du maître et de l'ancien militaire, lentement des similitudes entre les deux hommes émergent.
The Master n'est ni un film sur l'éveil d'un homme à la vérité, ni celui de la chute d'un autre confronté aux failles de ses théories. Il s'intéresse plutôt à la solitude et au manque de contacts réels entre les hommes. La beauté et la force intérieure du film résident en sa capacité à éviter la recherche de la vérité avec ses grands déploiements. The Master reste une quête troublante et fragile sur le destin d'un homme, d'une destinée incertaine, mais de toute évidence libre.
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