21 novembre 2012

Silver Linings Playbook (Le bon côté des choses) ****

Fraîchement sorti de l’hôpital psychiatrique, Pat (Bradley Cooper) s’attire des ennuis lorsqu’il tente de revoir sa femme. Et si son salut passait par les mains de Tiffany (Jennifer Lawrence), une veuve nymphomane qui a autant de problèmes que lui?

Réalisateur : David O. Russell | Dans les salles du Québec le 21 novembre 2012 (Alliance Vivafilm)

Depuis ses débuts, le cinéaste David O. Russell est promu à un grand avenir. Un peu comme Wes Anderson, il arrive à créer des mondes qui lui sont personnels et qui n’obéissent qu’à ses propres règles. Il aura pourtant fallu attendre de nombreuses années pour qu’il obtienne une certaine reconnaissance.
En offrant ce que le réalisateur sait faire de mieux, Silver Linings Playbook pourrait changer la donne. Il combine en effet les élans familiaux de son précédent et surévalué The Fighter à la fantaisie complètement décalé de son mésestimé I Heart Huckabees. Le drame profond et latent rencontre donc le conte qui fait du bien. Cette symbiose entre gravité et légèreté permet au metteur en scène d'aborder de front plusieurs thèmes délicats (la santé mentale, la pression familiale, la nécessité de prendre son existence en main), en évitant constamment les clichés, le pathos et les morales d’usage.
Au contraire, David O. Russell arrive à fignoler de beaux personnages, complexes et attachants, formant une véritable famille de bouilles sympathiques dont les nombreux travers font sourire. Développer un couple entre Bradley Cooper et Jennifer Lawrence n’était pas évident, mais le résultat fonctionne allègrement à l’écran. Le premier trouve d’ailleurs là son meilleur rôle en carrière, alors que la seconde n’a jamais été aussi juste depuis Winter’s Bone. Ils sont entourés d’excellents comédiens, dont Robert De Niro qui se permet enfin de jouer, Jacki Weaver qui apporte une fibre plus délicate et Chris Tucker qui prend soin de laisser au vestiaire ses éternelles mimiques.
Mis en scène avec soin, véritable pont sur la rivière qui va du cinéma commercial au cinéma d’auteur, Silver Linings Playbook, un des meilleurs films américains de l’année, n’a aucune difficulté à ravir au plus haut point. Ce n’est peut-être pas le récit ambitieux qui remportera plein d’oscars, mais il ne s’oubliera pas de sitôt, et son charme mélancolique a le mérite de s’adresser au plus large dénominateur.
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