10 mai 2013

The Great Gatsby (Gatsby le magnifique) **½

Dans les années 20, un homme riche et célèbre (Leonardo DiCaprio) renoue avec son ancienne amoureuse (Carey Mulligan) par l’entremise de son voisin (Tobey Maguire). Si seulement madame n’était pas mariée à un coureur de jupons (Joel Edgerton) jaloux…

Réalisateur : Baz Luhrmann | Dans les salles du Québec le 10 mai 2013 (Warner Bros.)

Le classique de la littérature américaine de F. Scott Fitzgerald a déjà été adapté de manière très convaincante en 1974 par Jack Clayton (le créateur du sublime The Innocents) avec Robert Redford dans le rôle titre. Baz Luhrmann décide maintenant de se l’approprier à ses – et nos – risques et périls.
Comme toujours chez lui, tout passe par l’image. La maelstrom visuel laisse béat et la rétine n’a pas le temps de se reposer : aucun plan ne dure plus de 10 secondes, le rythme est alerte, chaque scène est incroyablement soignée et les effets en 3D apportent une profondeur inouïe. Cependant, la représentation de cette période de décadence demeure purement plastique. L’édifice a beau être superbe, il ne faut chercher ni complexité ni âme, car il n’y en a pas. Au lieu d’utiliser les mots de Fitzgerald à bon escient, d’étayer un climat de mélancolie sur cet amour disparu, sur cette amitié masculine entre le héros et son voisin ou sur ces nombreux rapports de classes sociales, Luhrmann ressort un nouveau Moulin Rouge, en malheureusement beaucoup moins drôle, émouvant et mémorable.
Les comédiens sont certes crédibles (Leonardo DiCaprio est juste dans un rôle peut-être plus adapté à Brad Pitt, Tobey Maguire se permet enfin de ne pas trop en faire, la sensibilité de Carey Mulligan éclate à nouveau au grand jour et Joel Edgerton vole pratiquement toutes les scènes où il se trouve), mais que peuvent-ils faire avec ce scénario lisse comme le marbre s’évertuant à insérer une musique hip-hop à la mode pour plaire à une jeune clientèle et à étaler une romance plus kitch que convaincante?
Bien entendu, on peut prendre cette version de The Great Gatsby comme un gros divertissement et le résultat est loin d’être désagréable. Il est même suffisamment lustré et grandiose pour épater la galerie, mais on aurait souhaité mieux de la part Baz Luhrmann, d’autant plus que ce long métrage ouvre le prochain Festival de Cannes. Le résultat est certes meilleur que son précédent Australia, mais il se trouve à des années lumières de Moulin Rouge et de Romeo + Juliet.
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