9 juillet 2013

KFF 2013: Pietà ***

Film vu dans le cadre du Korean Film Festival 2013

Avec Pietà, Kim Ki-duk aborde le thème de la vengeance de manière très intéressante. Ici, on se venge en effet certes par amour, mais surtout par l’amour que l’on fait semblant de donner en manipulant l’objet de sa vengeance. Si la mort est présente, elle n’est pas un châtiment mais le moyen de provoquer une souffrance chez celui qui reste. C’est donc la vie qui est finalement plus cruelle que la mort!
Avec son nouveau film, Kim Ki-duk conserve certaines de ses caractéristiques (pessimisme et perversité) mais semble moins maîtriser son sujet que dans ses meilleures oeuvres. Par conséquent, il parvient difficilement à susciter chez le spectateur les réactions souhaitées. La raison de cette lacune n’est pas à chercher du côté de défauts majeurs (il n’y en a pas vraiment), mais plutôt du côté de certains choix. D’une part, nous aurions aimé que la mise en scène soit aussi froide que les personnages pour renforcer l’impression de malaise et d’étouffement. D’autre part, le scénario est presque trop malin, trop intellectualisé, pour un film que l’on aurait souhaité plus viscéral, à l’image de ce que sont les personnages (si les protagonistes sont en apparence froids, ils sont en réalité bouillonnants intérieurement). À force de jongler avec les contradictions aussi bien de son film (l’image projetée et le texte écrit) que de ses personnages (à la fois inhumains et trop humains), Kim Ki-duk semble parfois un peu faire du surplace et se laisser déborder par son ambition.
Pietà confirme donc qu’il ne méritait peut-être pas complètement son Lion d’or (rappelons sans revenir sur la polémique que The Master était également en compétition à Venise). Cela ne l’empêche en rien d’aborder un sujet maintes fois rebattu de manière passionnante!
SHARE