13 janvier 2014

DVD: Blue Caprice ***½

(réalisé par Alexandre Moors ; DVD disponible au Québec chez Métropole le 14 janvier 2014)

En 2002, une vague de meurtres est commise à l’arme de précision par un adulte et un adolescent caché dans le coffre d’une Chevrolet Caprice bleue. À partir de ce fait divers sordide, Alexandre Moors nous livre un premier long métrage de fiction dont certains choix a priori surprenants s’avèrent être particulièrement judicieux.
Le premier concerne la narration, qui n’accorde jamais l’attention prévisible aux différents éléments du récit. Entre les ellipses, les scènes qui s’étirent en longueur et celles uniquement survolées (les meurtres) voire non traitées (l’arrestation, le procès), le film surprend. La démarche n’est cependant pas un effet d’écriture gratuit. Elle permet au contraire au réalisateur de nous donner différentes clés permettant de comprendre les personnalités et les souffrances des deux protagonistes, sans pourtant insister sur aucune d’entre elles, comme si aucune ne pouvait vraiment expliquer l'inexplicable. Les choix de mise en scène vont dans le même sens. Le traitement graphique opte pour une ambiance un peu flottante, irréelle, presque onirique: les personnages sont ainsi complètement déconnectés de la réalité. Alexandre Moors semble de cette façon nous dire qu’aucune explication plausible ne pourrait justifier leur folie meurtrière. Il nous éloigne donc du réel à bon escient et laisse le spectateur incrédule regarder le déroulement d'événements difficilement concevables.
Par ses choix narratifs et la stylisation de sa mise en scène, Alexandre Moors prend donc le risque de déstabiliser le spectateur, mais rend surtout évidente l’absurdité de cette course à la mort. Qu’on ne s’y trompe pas en effet, jamais il ne sombre dans l’exercice de style nombriliste. Au contraire, tout son univers graphique et narratif est au service de sa vision d’un acte trop invraisemblable pour être vrai… Et pourtant!
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