9 mai 2014

La Playa D.C. ***½

Expulsé de chez lui, Tomas (Luis Carlos Guevara) erre dans le quartier de La Playa à Bogota, croisant la route de ses deux frères qui cherchent suffisamment d’argent pour partir au nord.

Réalisateur : Juan Andrés Arango | Dans les salles du Québec le 9 mai 2014 (K-Films Amérique)

Pour son premier long métrage, le cinéaste Juan Andrés Arango offre une œuvre toute en retenue qui évite le piège de trop en dire et de trop en faire. Au contraire son scénario, pas fondamentalement original mais méticuleux et révélateur, se concentre sur le moment présent tout en se permettant quelques ellipses salvatrices vers le passé.
Si les temps sont durs, le récit ne se veut pas mélodramatique pour autant. L’espoir perce l’écran malgré la présence de nuages noirs et devant l’implacabilité d’un destin se trouvent toujours des échappatoires, aussi minimes soient-elles. Elles apparaissent par la passion du héros qui fait des dessins singuliers dans les cheveux des gens et qui rappelle le rôle fondamental de l’art en période de crise.
La réalisation alerte et vivifiante évoque cette ville en pleine ébullition. La caméra colle à la peau de ses personnages, les esthétisant par endroits sans que cela nuise pour autant à leur progression. On reconnaît tour à tour le désir de s’ancrer dans le réel comme chez les frères Dardenne ou d'opter pour une approche plus cartésienne à la Gus Vant Sant (époque Elephant et Paranoid Park). Juan Andrés Arango trouve toutefois un style qui lui est propre et si sa mise en scène peut paraître brouillonne par endroit, elle demeure très prometteuse pour le futur et témoigne déjà de sa capacité à tirer le meilleur de ses acteurs, tous criants de vérité.
Présenté à Cannes et représentant de la Colombie aux Oscars, La Playa D.C. est un premier film très intriguant. Espérons que dans une semaine aux nombreuses sorties extrêmement intéressantes (comme Under the Skin, Le temps de l’aventure et Le médecin de famille, etc.), il arrivera à trouver son public.
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