9 mai 2014

Michael Kohlhaas ***½

Critique rédigée dans le cadre du festival Cinemania 2013

Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas (Mads Mikkelsen) est victime de l'injustice d'un seigneur. Il sera prêt à tout pour que justice lui soit rendue.

Réalisateur: Arnaud Des Pallières | Dans les salles du Québec le 9 mai 2014 (EyeSteelFilm)

En transposant le roman de Heinrich von Kleist dans les Cévennes, Arnaud Des Pallières trouve la région idéale, à la fois belle et aride, pour servir de cadre à sa tragédie. Son film, en osmose parfaite avec les paysages, suit la destinée d’un homme que la soif de justice pousse aux limites de la folie. Dans le rôle de Michael Kohlhaas, borné à force d’intransigeance, Mads Mikkelsen est une fois de plus irréprochable et parvient par sa seule présence physique à conférer une épaisseur psychologique à son personnage. L’ensemble est peu dialogué à l’exception de quelques scènes de rencontres avec des personnages secondaires qui sont au contraire généralement riches en dialogues. Loin de briser le rythme de l’ensemble, ces scènes servies par un texte et des seconds rôles de qualité s'intègrent parfaitement au récit et éclairent certains traits psychologiques d’une manière qui pourrait sembler trop ostensible si elles n'étaient aussi bien maîtrisées.
De son côté, à partir d'une simple histoire de chevaux confisqués puis maltraités, Arnaud Des Pallières nous entraîne vers la certitude de plus en plus évidente qu'aucune solution raisonnable ne pourra être trouvée. Sa mise en scène sèche qui refuse de céder à la facilité de la représentation de la violence (tout se passe hors champs ou de manière très éloignée) sait s’appuyer sur une superbe utilisation de la bande son, riche en bruits de la nature rendant encore plus oppressante l'atmosphère du film (sentiment accentué par une musique rare mais très complémentaire avec les bruits ambiants).
À l'arrivée, malgré quelques afféteries dans la volonté d’être austère à tout prix, Michael Kohlhaas laissera probablement le spectateur subjugué par la force de cette chronique inextricable d'une mort annoncée!
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