29 août 2014

The Congress (Le congrès) ***

L’actrice Robin Wright (elle-même) a connu son heure de gloire, mais depuis quelques années, sa carrière décline. Lorsqu’elle se voit proposer de se faire numériser pour servir de modèle à une actrice virtuelle qui aurait toutes ses caractéristiques, elle hésite, puis finit par accepter!

Réalisateur: Ari Folman | Dans les salles du Québec le 28 août 2014 (EyeSteelFilm)

Ari Folman, qui avait déjà mélangé images documentaires et animation pour Valse avec Bachir, réitère en mélangeant les prises de vue réelles (cette fois fictionnelles) et l’animation. Au delà de l’exercice de style (justifié par le récit), ce que nous retiendrons, ce sont les multiples thèmes abordés et surtout le glissement logique et presque irrémédiable d’un thème à l’autre.
The Congress commence en effet comme une réflexion sur le métier d’acteur (comment faire face au vieillissement? Jusqu’où aller pour faire un film? À quoi se soumettre pour continuer à plaire?). Logiquement, cela débouche sur un questionnement à propos d’un phénomène qui existe déjà: l’usage du numérique pour remplacer les acteurs de chair et de sang. Mais ce qui aurait pu devenir un éloge du cinéma tel qu’on le connaît encore peu et une alerte sur ses dérives possibles devient logiquement une réflexion plus universelle. Après la déshumanisation de l’acteur, ne risque-t-on pas d’assister à une déshumanisation de l’humain en général... en utilisant des drogues permettant à tout un chacun de se créer une identité satisfaisante, ce qui annihilerait dans le même temps tout sentiment de jalousie et de frustration. Le constat comporte un aspect économico-sociétal intéressant: en faisant passer pour nécessaire ce qu’elle propose à la masse, une société peut ainsi combler cette même masse en lui vendant une illusion de bonheur plus qu’en faisant ce qu'il faut pour régler les vrais problèmes.
Le développement de l’intrigue comporte d’ailleurs suffisamment d'interrogations fort intéressantes sur l’évolution possible de la société… malheureusement, cela n’empêche pas le film d’avoir quelques lacunes. Certes, la progression globale du récit et l’évolution constante de son sujet jusqu’à la toute fin sont bien maîtrisées, et le passage à l’animation est d’une logique implacable, mais Folman semble avoir succombé à l’envie de se faire plaisir en recréant un monde virtuel, qui semble à ses yeux plus important que son personnage et son intrigue. Pire, comme s’il avait conscience de les reléguer au second plan, il semble régulièrement vouloir compenser ses lacunes multipliant les dialogues trop explicatifs, là où une plus grande finesse aurait été appréciable. La partie animée, malgré les probables efforts déployés pour la rendre captivante, nous plonge ainsi plus souvent dans l’ennui ou l’agacement et provoque une rupture qui aurait pu être fatale au film!
Heureusement, les toutes dernières minutes, pourtant elles aussi animées, parviennent à nous convaincre. The Congress, malgré ses maladresses, nous laissera finalement le souvenir d’un beau film malade. Ce qui n’est déjà pas si mal!
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