4 novembre 2014

Livre: Limites de la fiction. Considérations actuelles sur l'état du cinéma

(Jacques Aumont; Bayard; 240 pages)

Après avoir donné une définition de la fiction et après avoir pris soin d’établir les relations qu’elle entretient avec le documentaire («toute fiction documente, tout document fictionne»), Jacques Aumont s’intéresse à son évolution, liée aussi bien à celle des spectateurs (on ne regarde plus un film de la même manière qu’au début du 20e siècle) qu’à celle des différentes techniques. Tous ces éléments engendrent une évolution de la fiction et font apparaître de manière de plus en plus prégnantes ses limites.
Celles-ci sont d’ailleurs accentuées par une évolution des pratiques artistiques, dont certaines tendances prennent de plus en plus d’importance, avec notamment:
- un désir de non fiction, avec des «moments démesurément étirés où la suite des événements se fond et se perd»;
- un rapport différent au monde, et le constat croissant d’un «repliement des oeuvres sur d'autres oeuvres antérieures» générateur d’un questionnement: «si la fiction ne vise plus le monde, mais le monde de la fiction, est-elle encore fiction?»
En s’interrogeant à l’occasion de cet essai sur la fiction et ses limites, l’auteur en vient en définitive à s’interroger sur l’état actuel du cinéma, mais aussi sur le rôle qu’il exerce sur le spectateur… jusqu’à une conclusion dont la pertinence donnera nous espérons au lecteur envie de lire cet ouvrage: «Voir des films peut m'affecter plus ou moins, parfois me changer (pour un moment ou pour la vie); entrer dans des fictions est une épreuve, ou une entreprise, intellectuelle, éthique, psychique, qui me fait rencontrer le monde et rencontrer autrui, sur un mode imaginaire mais pas nécessairement réducteur.»
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