19 décembre 2014

Wild **½

Afin de remettre de l’ordre dans sa vie suite à l’éclatement de son mariage et au décès de sa mère, Cheryl (Reese Witherspoon) part seule en randonnée sur plus de 1600 kilomètres sur la Côte Ouest américaine.

Réalisateur : Jean-Marc Vallée | Dans les salles du Québec le 19 décembre 2014 (20th Century Fox)

Une femme qui marche en solitaire dans la nature pendant des jours et des jours, faisant face aux conditions climatiques et à son passé. N’a-t-on pas déjà vu ce film-là il y a quelques mois à peine? Oui, c’était dans Tracks, film passé sous silence où Mia Wasikowska trouvait un de ses meilleurs rôles en carrière.
Également inspiré d’une histoire vraie, Wild offre pas mal la même chose… mais le résultat est moins convaincant. La beauté des paysages et la réalisation fluide de type méditative sont remplacées par une mise en scène plus tape-à-l’œil, ponctuée de mélodies inégales et très peu subtiles. Le cinéaste se prend terriblement au sérieux et il multiplie les liens avec plusieurs de ses précédentes offrandes. On reverra par exemple un des trisomiques de Café de Flore et le traitement presque spirituel de la prémisse fait écho au héros de C.R.A.Z.Y., lors de son pèlerinage dans le désert.
Les thèmes de Wild sont puissants (la rédemption, la résilience, la quête identitaire en moment de crise) tout comme les ramifications (à l’amour, au sexe, à la famille, à cette relation fusionnelle avec la mère qui est incarnée avec verve par Laura Dern). Mais Jean-Marc Vallée refuse constamment de les affronter directement. Un peu comme le fit Danny Boyle avec 127 Hours, la solitude et le désarroi humain sont traités superficiellement. Tout est une raison ou une occasion d’insérer une ellipse ou un retour dans le passé, c’est à dire d’expliquer encore et encore au lieu de laisser vivre seule la protagoniste dans son présent et dans son intimité. Un problème qui découle du montage ou tout simplement de l’élaboration du scénario.
C’est d’autant plus dommage que Reese Witherspoon aura rarement paru aussi convaincue et convaincante. Même si parfois elle en met trop et que son misérabilisme suit un raisonnement draconien (moins je mets de maquillage, plus j’ai de chance d’être nominée aux Oscars – elle l’est déjà aux Golden Globes), l’actrice offre une prestation presque impeccable, intense et vulnérable tout à la fois. Elle fait à nouveau toute la différence et à l’instar du précédent Dallas Buyers Club du même créateur, on ira voir Wild pour les comédiens et pas pour le reste. La direction d’acteurs, c’est tout de même primordial et ça, Vallée l’a parfaitement compris. Pour le reste…
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