16 janvier 2015

Sommeil d’hiver / Winter Sleep (Kis Uykusu) ***½

Le comédien à la retraite Aydin (Haluk Bilginer) passe l’hiver dans l'hôtel qu’il possède avec sa sœur (Demet Akbağ) et sa jeune épouse (Melisa Sözen). Le lieu est géographiquement éloigné du reste de la population locale avec qui il entretient des relations variées.

Réalisateur: Nuri Bilge Ceylan | Dans les salles du Québec le 13 janvier 2015 (Métropole)

Auréolé d’une palme d’or Cannoise, le dernier film de film de Nuri Bilge Ceylan nous parvient en plein cœur de l’hiver québécois avec un titre peu encourageant et une longueur non négligeable (3h16). Il serait cependant regrettable que ces éléments découragent les esprits chagrins. D’emblée, le film témoigne en effet de belles qualités: les magnifiques paysages d’Anatolie, que Ceylan prend décidément un plaisir évident à filmer depuis son dernier film (Il était une fois en Anatolie), mais également une mise en scène élégante qui parvient à cerner ses personnages avec une impressionnante acuité.
Contrairement à ses habitudes, Nuri Bilge Ceylan est ici très bavard. D’ailleurs, le film se présente comme une suite d’échanges entre différents protagonistes, entrecoupés de très beaux interludes permettant de prendre l’air dans cette magnifique Anatolie.
Cette proposition pourrait cependant être la grande faiblesse du film: chaque dialogue sert à illustrer une problématique interpersonnelle, et il s’en faut de peu pour que le film prenne les allures d’une petite leçon de vie à l’usage des cinéphiles. Heureusement, certaines qualités permettent au film de ne pas tomber dans ce piège. C’est le cas tout d’abord des dialogues d’une grande qualité, qui évitent à l’ensemble de prendre des allures trop scolaires. C’est également le cas des prestations des acteurs, tous particulièrement convaincants, qui donnent à leurs dialogues encore plus de force.
Au final, cette démonstration que rien ni personne n’est jamais tout blanc ou tout noir, et donc l’aisance avec laquelle Ceylan nous dresse le portrait de la complexité des êtres (et du monde) finit par nous convaincre malgré les écueils qui la guettaient.
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