9 mars 2012

Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu'da) ****

Film vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma

En Anatolie, des voitures bondées fendent la nuit à la recherche du lieu mystérieux (situé à proximité d’un arbre isolé et d’une fontaine) où un criminel a enterré un cadavre. Mais les arbres isolés et les fontaines sont nombreux en Anatolie…

Réalisateur: Nuri Bilge Ceylan | Dans les salles du Québec le 9 mars 2012 (Cinéma du Parc)

Nuri Bilge Ceylan, cette année encore récipiendaire d’un prix prestigieux à Cannes, confirme avec Il était une fois en Anatolie son sens du cadre, de la mise en scène, de la direction d’acteurs et un certain goût pour la lenteur. Si les premières images semblent vouloir nous entrainer vers une intrigue policière (les différents protagonistes passent plus d'une heure à la recherche d'un cadavre), nous croyons très vite comprendre que celle-ci est destinée au sur-place, ou plutôt aux errances stériles prétextes à mettre en évidence la perfection formelle dont fait preuve le réalisateur (et un sens de l'humour particulièrement bienvenu). Malgré un rythme qui en déroutera plus d’un, la maîtrise de Ceylan est si impressionnante que le film finit par captiver le spectateur, tout en distillant, l’air de rien, des informations sur ses différents protagonistes. Au moment où le risque de décrochage devient possible (un tel exercice de style de 2h30 prend en effet le risque de lasser), Nuri Bilge Ceylan délaisse sa quête de cadavre et ses multiples personnages pour se focaliser progressivement sur l’un d’entre eux. Le film, toujours aussi irréprochable visuellement, prend alors une dimension supplémentaire et devient plus classique, plus narratif et infiniment moins répétitif. Il se mue avec finesse, encore sans en avoir l’air (et toujours avec la même lenteur...) en réflexion passionnante sur la quête de vérité.
Il était une fois en Anatolie est un voyage qui peut paraître dans un premier temps beau mais abscons. Il se révèle progressivement intelligent et savamment construit. S’il est volontairement lent (trop pour certains?), il n’en demeure pas moins à voir absolument !
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