6 janvier 2016

Les subversifs hollywoodiens. L'esprit critique du cinéma grand public

(Jean-Philippe Costes, Liber, 496 pages)

Avec cet ouvrage, Jean-Philippe Costes «s’assigne pour mission de restituer tout leur prestige à des artistes indûment réduits au rang d’industriels du spectacle». L'intention est bonne, mais nous devons admettre que nous ne l’avions pas attendu pour comprendre que le cinéma d’Hollywood n’est pas fait uniquement par des tâcherons défendant les valeurs de l’American Way of Life.
Si Costes avait choisi comme sujet d’étude des cinéastes considérés comme mineurs, son livre aurait pu être intéressant, mais en choisissant des réalisateurs comme Malick, Welles, Kubrick, Gray, Sternberg ou Capra (qu’il est difficile de considérer comme «des artistes indûment réduits au rang d’industriels du spectacle»), son propos perd tout sens.
L’ouvrage est malheureusement parsemé de ce genre de fausses évidences («on dit que», «l'intelligentsia prétend que») guère plus convaincantes. Tout cela est d’autant plus regrettable que Les subversifs hollywoodiens esquisse parfois des études intéressantes. Certains textes enfoncent un peu les portes ouvertes, mais cela ne poserait pas de problème si l’auteur jouait un rôle purement éducatif et faisait référence à des études antérieures. Malheureusement, il donne régulièrement l’impression d’être le premier à faire des constats que d’autres ont fait bien avant lui. Pire encore, à côté de ces textes, d’autres (c’est malheureusement la cas pour un grand nombre d’entre eux) donnent au contraire l’impression que l’auteur s’est livré à l’exercice suivant: prouver par tous les moyens que des cinéastes qu’il apprécie sont hautement subversifs… ce qui donne alors parfois lieu à des démonstrations un peu tirées par les cheveux.
Au final, on ne comprend pas bien où veut en venir Costes (la mission déjà citée de «restituer tout leur prestige à des artistes indûment réduits au rang d’industriel du spectacle» ou démontrer par tous les moyens à quel point il faut être subversif pour être digne d’intérêt?), mais une chose est sûre: en éliminant la moitié de ses textes, en se fixant un objectif plus concret, et en osant assumer le recours à des études antérieures, il aurait pu nous livrer un ouvrage d’initiation au cinéma de qualité.
Cela fait malheureusement trop de conditions non respectées pour nous convaincre d’en conseiller l'achat… même si nous devons admettre que le lecteur curieux et prêt à faire un gros tri devrait trouver deux ou trois choses intéressantes à se mettre sous la dent!
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