29 juillet 2016

Belladonna of Sadness (Kanashimi no Beradonna) ***½

Violée par le seigneur de son village, Jeanne se laisse tenter par le diable qui lui promet vengeance en échange de son âme.

Réalisé par Eiichi Yamamoto | Dans les salles du Québec le 29 juillet (Cinémathèque québécoise)

Réalisé en 1973 et maintenant élevé au statut de film culte, Belladonna of Sadness n’a jamais profité d’une sortie en salles au Québec. Heureusement, le film d’animation se retrouve finalement sur nos écrans et, représentant une expérience visuelle hors-normes, il mérite fortement d’y être vu.
Ultime œuvre de Mushi Productions, Belladonna of Sadness est très certainement hanté par la situation précaire de ses créateurs. Très pessimiste, il profite toutefois de cette adversité. Ainsi, Belladonna of Sadness multiplie les styles d’animation pour un effet kaléidoscopique saisissant. Avec très peu d’intérêt pour la représentation du réel, le film est fort en images évocatrices et ce, pour un résultat aussi subtil que grotesque.
En effet, malgré sa beauté, Belladonna of Sadness s’ancre certainement dans le cinéma d’exploitation. Au centre du récit, la Belladonna du titre est une femme dont la sexualité devient le principal sujet du film. Si celle-ci est placée comme victime en première partie, et que le film se complaît alors dans son voyeurisme, elle s’affranchit des violences sexuelles qui lui sont faites pour prendre contrôle de son propre corps. Le personnage s’en trouve toujours martyrisé, mais dans cette prise de pouvoir le film propose un contrepoint à ses éléments malsains.
Quelque part dans une zone grise, entre un cinéma libidineux primaire et un manifeste carrément féministe, Belladonna of Sadness alterne allègrement les deux extrêmes d’un seul et même ton. Repoussant toujours aujourd’hui les limites formelles de l’animation, le film est une œuvre culte au statut amplement mérité.
L'avis de la rédaction :

Olivier Bouchard: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: ***
Martin Gignac: ****
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