29 juillet 2016

Fantasia 2016 : Under the Shadow ***½

Réalisé par Babak Anvari

En tant que film d’horreur, Under the Shadow prend son temps avant de placer son jeu. Se déroulant à Téhéran durant la guerre Iran-Irak, ancré dans la réalité sociale des femmes, le premier long-métrage de Babak Anvari se veut aussi bien une représentation du milieu qu’un conte horrifique.
Alors que les hommes sont appelés au front, les femmes et les enfants, pourtant souvent les premières victimes des bombardements, restent chez eux. Dans ces communautés improvisées, le cinéaste établit son univers avec un désir d’authenticité, donnant une forte impression de réalité à ses personnages.
L’exercice, même s’il se révèle un peu manipulateur, est brillant. Lorsque le film verse dans l’horreur, il ne possède rien de bien original. Under the Shadow propose une typique histoire d’esprit maléfique, avec les sursauts attendus, abusant même un peu de ces derniers. Pourtant, grâce à la réalité sociale qu’il a précédemment établie, le film surpasse ces clichés. L’angoisse sociale vécue par les personnages devient mêlée à celle engendrée par l’esprit, pour ne devenir qu’une alors que le film progresse.
Les vieux trucs utilisés par Anvari redeviennent donc efficaces. Le cinéaste sait doser et faire interagir les deux niveaux de son film. De plus, il ne fait pas l’erreur de surutiliser l’esprit maléfique, évitant d'en rendre les apparitions banales. Celles-ci gardant leur mystère jusqu’à la toute fin, le cinéaste soutient la tension sans l’échapper. En fait, c’est souvent lors de l’absence de menace qu’Anvari excelle. Under the Shadow représente littéralement et métaphoriquement les horreurs vécues par les victimes civiles de la guerre, mais c’est surtout l’angoisse de l'attente des événements tragiques à venir que le film représente avec la plus grande adresse.
SHARE