2 septembre 2016

Dekalog ***½

Inspirés des dix commandements, les dix épisodes du Dekalog posent un regard sur dix questionnements moraux auxquels sont confrontés les habitants d’un immeuble de Varsovie.
Les films sont présentés dans une version restaurée 4K et seront projetés par blocs de deux épisodes.

Réalisateur: Krzysztof Kieślowski | Dans les salles du Québec à partir du 2 septembre 2016 (cinéma du Parc)

Dekalog représente un lot de dix heures de “cinéma” (même s’il a été réalisé pour la télévision!) qu’il est très intéressant de voir dans sa globalité. Il permet en effet à Krzysztof Kieślowski de dresser un petit portrait de l'humanité de manière universelle, malgré sa petite touche très “Pologne de la fin de l’ère jaruzelskienne”.
En optant pour dix histoires qui se situent toutes (au moins en partie) dans un même bloc d'immeubles, il peut s'arrêter sur des personnages variés, confrontés à des problématiques diverses (même si la question de la parenté revient souvent!). Le ton et la photographie varient plus ou moins légèrement d'un film à l'autre (le très bon Dékalog 5, quoi qu'un peu lourd dans son propos dénonciateur de la peine de mort, est le plus ambitieux visuellement), mais l’ensemble forme un tout aussi cohérent que signifiant (et souvent non dénué d’un certain optimisme).
Cependant, nous devons admettre que les films (et à plus forte raison les blocs de deux films présentés ici) sont d'inégale valeur (ce qui est tout à fait normal), et nous conseillons donc aux spectateurs qui ne souhaitent pas vivre l'expérience dans sa totalité (ou qui n’en ont pas le temps) de se consacrer particulièrement à deux programmes.
Le premier est formé par les épisodes 3 et 4. Le Dekalog 3, très beau film sur la solitude, fait probablement partie des meilleurs épisodes de la série. La description nocturne d’une veille de Noël grisâtre est d'une tristesse visuelle absolue qui rend encore plus palpable le désespoir d'être seul… ce qui n’empêche pas Kieślowski de laisser la place à un certain espoir! Le Dekalog 4, certes imparfait, est cependant un beau film sur la filiation… quelle qu’elle soit!
L'autre double programme à ne pas manquer est composé des deux films qui ont aussi connu une exploitation au cinéma sous forme de longs métrages: le Dekalog 5 (que nous avons déjà abordé) et le Dekalog 6 (devenu pour la version cinéma Brève histoire d’amour). Ce dernier est probablement le plus réussi de la série! D’une grande délicatesse, le film change de personnage central en cours de route de manière très maîtrisée et parvient à traiter avec la même pertinence des thèmes aussi variés que la solitude, la culpabilité ou le passage à l'âge adulte.
Même si elle a été conçue pour la télévision, il serait bien dommage de passer à côté de la chance de voir cette oeuvre majeure sur grand écran… dans sa totalité ou non!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: ****
Martin Gignac: ****½
Olivier Bouchard: ****½
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