24 septembre 2016

FCVQ 2016: Tempête ***½

(réalisateur: Samuel Collardey)

Le concept de Tempête (qui n’a malheureusement à ce jour toujours pas trouvé de distributeur québécois) est relativement original puisque le réalisateur s’est inspiré d’un drame du quotidien (un marin pêcheur presque toujours en mer se voit retirer la garde de ses enfants et décide de changer d’activité professionnelle pour essayer de la récupérer) et a demandé aux vrais protagonistes de rejouer leur histoire.
Cette volonté de réel n’est pas sans pièges, mais Collardey est parvenu à les éviter. Il a en effet su assumer une part de fiction en modifiant légèrement les faits pour que son film offre un minimum de dramaturgie. Il a également su diriger ses acteurs pour qu’ils ne surjouent pas le réel sous prétexte qu’ils reproduisent leur propre vie. Enfin, il a su trouver la bonne approche graphique sans tomber dans la caricature du «pris sur le vif» grâce à une caméra 35mm attentive à ses personnages, mais sans excès de mobilité pseudo documentaire. Il est aussi surtout parvenu à nous livrer de magnifiques portraits de personnages, complexes comme les «vrais» gens, à l’image de Dom Leborgne. Père à la fois bon et mauvais (aimant mais immature), l’homme est attachant et courageux dans son rapport à sa propre vie, et le cinéaste le filme avec respect sans pour autant en faire une victime du système ou de la société.
Au final, malgré quelques infimes faiblesses qui sont de l’ordre du détail (une maladresse d’écriture ici, un petit problème de rythme là…), toutes les qualités énumérées plus haut font de Tempête un film en apparence simple mais particulièrement sincère et non manichéen.
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