11 octobre 2016

FNC 2016 : Daguerreotype (Le secret de la chambre noire) ****

(Réalisateur: Kiyoshi Kurosawa)

Avec ces daguerréotypes qui emprisonneraient l’humanité de ses sujets, Kiyoshi Kurosawa travaille un univers fantastique d’un autre temps. Il a beau se dérouler à notre époque, Le secret de la chambre noire (son premier film réalisé en France), évoque plutôt Wilde et Poe que les films fantastiques récents. Sans être un défaut à proprement parler, le film accuse d'ailleurs certains airs vieillots qui rebuteront plusieurs. Toutefois, pour infuser ses fantômes d’une douce mélancolie, Kurosawa n’a pas d’égal.
Le secret de la chambre noire n’a rien d’un film d’horreur. Jamais terrifiant, le film possède néanmoins une aura sinistre. Très mystérieux dans sa première partie, il dévoile complètement ses intentions lors d’un développement central. Ne cherchant pas à surprendre ni même à s’éloigner des clichés, le réalisateur use de thèmes connus pour explorer les motivations des personnages. Les apparitions fantomatiques de Kurosawa sont silencieuses et progressives, ne provoquent pas la surprise mais servent plutôt à révéler l’intériorité de ceux qui leur ont survécu. Toujours dans les clichés, les protagonistes sont obsédés par leur ambition et courent aveuglément à leur perte.
Chez Kurosawa, ces poncifs sont développés avec attention pour leur donner une complexité émotionnelle ou même sociale admirablement observée. Chez l’un, l’ambition manifestée est une façon de faire face aux regrets et au deuil alors que chez l’autre, elle devient le moyen d’échapper à un rang social qu’il méprise lui-même. Comme quoi, dans l’univers du cinéaste, les fantômes servent à évoquer des maux profonds, bien réels, qui ne s’affronteraient pas aussi bien autrement.
Pour un film fantastique au récit banal, Le secret de la chambre noire travaille une multiplicité de thèmes avec une maîtrise remarquable.
L'avis de la rédaction :

Olivier Bouchard: ****
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: ***
Olivier Maltais: ***
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