13 octobre 2016

1:54 *½

Un adolescent (Antoine Olivier Pilon, moins à l’aise que dans Mommy et absolument pas crédible sur une piste d’athlétisme) est perpétuellement victime de harcèlement dans le cadre scolaire. Suite à un événement tragique, il décide de sortir la tête de l’eau en affrontant son bourreau (Lou-Pascal Tremblay, beaucoup plus convaincant) sur son propre terrain: celui de la course à pied.

Réalisateur: Yan England | Dans les salles du Québec le 13 octobre 2016 (Séville)

Mis en scène par un Yan England auréolé d’une nomination aux Oscars pour son court métrage Henry, et avec dans les rôles principaux la vedette de Mommy (Antoine-Olivier Pilon) et la jeune star montante du cinéma québécois (Sophie Nélisse), 1:54 avait de quoi susciter des attentes. Très vite, il se donne toutefois un peu trop des allures de Sarah préfère la course au masculin (un jeune coureur se pose des questions sur son identité sexuelle)... mais pourquoi pas! Le film ne commence en effet pas si mal, même si de nombreux éléments semblent un peu trop convenus!
Cependant, dès qu’il semble décidé à prendre son envol, rien ne va plus! Le film ne manque pourtant pas d’ambition: au-delà de l’identité sexuelle, il aborde en effet une multitude de thèmes: la difficulté à être “différent” (ou du moins à être vu comme tel!), l’intimidation, le poids des médias sociaux et l’enfer qu’ils peuvent faire subir aux personnes ostracisées, etc.
Il y a cependant un problème: il ne suffit pas d’aborder des thèmes importants, il faut surtout être capable de porter sur eux un regard pertinent… ce qu’England ne fait jamais. Il se contente en effet d’enfoncer des portes ouvertes en dénonçant sans la moindre finesse des pratiques qu’aucune personne sensée ne saurait excuser. Pire encore, il empile les personnages sans nuances ni profondeur, que l’on pourrait définir ainsi: le prof (parfait), le père (parfait), la copine (parfaite), le héros (presque parfait), les méchants (ce qui inclut le méchant numéro 1, qui habite justement en face du héros!) et les lâches (tous les autres).
La mise en scène serait probablement compétente si elle était au service d’un scénario parfaitement huilé. Malheureusement, il ne l’est pas… et la mise en scène, incapable d’en pallier les faiblesses, ne fait que les décupler. Ainsi, de nombreuses scènes seraient risibles si le sujet n’était pas aussi grave. Par respect pour ceux qui souffrent réellement de leur prétendue différence, nous n’avons pourtant pas envie de rire.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: *½
Martin Gignac: **
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