15 novembre 2016

Livre: 101 nanars. Une anthologie du cinéma affligeant mais hilarant

(François Forestier, Denoël, 384 pages)

Avec cette nouvelle édition d’une oeuvre initialement publiée en 1996, François Forestier met à jour son petit tour du monde du nanar, ces films dont la principale qualité est d’être mauvais et dont la plus grande force est de faire rire le spectateur. Il les classe en plusieurs parties allant du péplum au film d’espionnage ou de l’érotisme au nanar à la française… en passant par une partie nommée «mettons un terme aux maîtres», qui se propose de déboulonner certains films respectés par de nombreux cinéphiles.
L’auteur de ces lignes n’est pas mécontent d’y retrouver La truite de Losey ou Zabriskie Point d’Antonioni, même s’il comprend moins bien qu’on y croise le Blow Up du même Antonioni… mais pourquoi pas! Si l’exercice est intelligemment fait et si la provocation est associée à un esprit critique acéré, le livre peut aider à voir ces films d’un autre œil en en faisant ressortir des faiblesses occultées par la bien-pensance. C’est malheureusement rarement le cas! Cependant, tous les lecteurs ne se rendront probablement pas jusqu’à la partie consacrée à la mise à mal des maîtres, puisqu’elle ne commence qu’à la page 333! Nous croiserons certes en chemin quelques formules amusantes, mais à force de les enchaîner par souci du bon mot aussi subtil que les films dont il parle, François Forestier finit par vite tourner en rond.
Ceux qui imaginent pouvoir apprécier la phrase qui suit durant près de 400 pages seront aux anges: «Écrit avec un poil pubien, filmé à la machette, monté à la scie égoïne, Hollywood Chainsaw Hookers est un must du gore-kitsch-débile». Les autres (y compris ceux qui la trouvent amusante… mais à petite dose) préféreront peut-être passer leur chemin. Pour se consoler, ils pourront même aller lorgner du côté du livre Les classiques du cinéma bis, qui réussissait à vraiment parler de cinéma malgré sa cool-attitude assumée!
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